L’ART DÉCORATIF la dentelure des montagnes qu’inspirèrent au peintre les rivages d’Épire, appartiennent à on ne sait quel siècle; ils passent, et la terre demeure. Les ruines d’Égine, exhaus-sant encore leurs minces fûts de colonises, sont aussi là pour l’attester. Chaque fois môme que M. René Mé-nard peint un portrait, il lui donne, pour ainsi dire, cette allure recueillie, détachée des choses passagères, qu’ont les paysages. puissante expression. Il n’y a rien dans son Feu de goémons qu’une terre nue et une épaisse fumée d’algues sèches, et nous nous trouvons pourtant en face d’une oeuvre de grande allure. M. F. Thaulow, quoique homme du Nord, puisqu’il est Norvégien, nous met en présence d’une peinture beaucoup plus en-soleillée et éclatante, sinon plus pleine, car on ne trouve chez M. Dauchez aucune mai-A. llIonAs Ce sont des figures de méditation; de là vient sans doute leur caractère durable et leur puissance d’expression contenue. M. Dauchez est, lui aussi, peut-on dire, un modeleur d’arbres et de terrains ; il rend dans son essence leur structure et leur caractère, en de fortes tuiles synthétiques que l’on pourrait presque appeler des es-quisses colorées, car la couleur y compte assez peu. Toutes les tonalités sont pous-sées vers le noir; l’artiste ne se sert guère que d’une peinture en grisaille, et le dessin en reste assez apparent, comme il pourrait l’étre par des traits de fusain. Ce sont les paysages âpres et tristes que M. Dauchez affectionne, et il en donne vraiment une zo6 Musique, Danse et Poésie sueur. On sait que M. Thaulow aime beau-coup faire couler l’eau; c’est devenu pour lui une spécialité que de rendre tt le rire innombrable des flots s, pour employer une image homérique. Il s’ingénie à retracer en ses toiles les méandres et les tourbillons de tous les fleuves, rivières, ruisseaux ou gaves qu’il peut trouver sur son chemin. Mais le tour de main spécial qu’il peut y avoir à saisir pour peindre l’eau — de même que pour peindre une péche ou une douzaine d’huîtres — ne fait pas seul le mérite de son oeuvre, qui garde toute sa profonde va-leur grâce à la justesse de l’observation, à la solidité du dessin, aux rapports des tons. Il n’y a aucune comparaison à faire avec FIND ART DOC