LA PEINTURE leur plan avec une scrupuleuse justesse, laissent s’infiltrer en nous une délicate évo-cation sentimentale. Le peintre sort un peu de son domaine accoutumé dans ce tableau du Pique-nique, Lune note animée et grouil-lante, où .le morceau de nature, les verdu-res et le ciel, est d’une excellente tenue. M. Caro-Delvaille a émigré cette année du côté de la Société Nationale des Beaux-Arts; et il doit en effet se sentir mieux dans son milieu, dans cet entourage de frais_ AUX SALONS superbe morceau de facture, dénotant tou-jours la même recherche de délicatesses et de rapprochements harmonieux, témoigne du travail sincère de M. Caro-Delvaille, de son dédain des esquisses faciles. La nature champêtre, les sites d’où l’homme semble presque absent, et qui gar-dent par là une apparence primitive et hé-roïque, tentent le peintre à l’égal de la physionomie humaine, puisqu’il peut en dégager une grandeur d’expression ott un AVY clffse. Il a un sens très- personnel des aspects de la vie d’aujourd’hui qu’il cherche à sai-sir à toutes ses heures, dans tous les lieux de réunion où elle se manifeste. Il aura peint notre élégance moderne, l’atmosphère exacte de nos appartements, de façon à lais-ser non point la trace de modes éphémères, mais à reconstituer un milieu dans ses habi-tudes, ses goûts, ses préoccupations. Le Portrait de Madame L. et de sa fille res-pire une grâce aisée et aimable, près de la table à moitié desservie, où une corbeille de fruits, à côté du miroitement gris des argent teries, ajoute à l’impression de quiétude heu-reuse ; non loin, une étude de Femme nue, 2o5 Bal blanc charme d’autant plus imposants et mysté-rieux que beaucoup n’y voient que des formes inanimées. M. René Ménard, par exemple, peut être considéré avant tout comme un peintre de paysages. Ce sont les masses d’arbres, les silhouettes de montagnes, les courbes de golfes, les mouvements de nuages qui lui donnent le sentiment de la muscu-lature la plus forte, de la passion la plus véhémente. Les figures d’hommes qu’il pro-mène dans ces lieux émouvants ne sont plus là que des éléments perdus, absorbés dans l’ampleur des forces qui les entourent et les débordent. Les Errants, couchés le long de la grève dans leurs manteaux, dominés par