MANUFACTURE ROTAI,. L’ART DÉCORATIF un air un peu moins natio-nal, moins par-ticulièrement danois que la Manufacture royale. Je dois à ma visite en ces Manufac-tures une des jouissances d’art les plus vives que j’aie goûtéesjamais, et je remercie leurs deus re-marquables di-recteurs, M. Dalgas et M. Bing, qui m’en l’ait les honneurs avec une affabilité parfaite. J’ai vu , quelques jours après, 110n-C. Manufacture de Sèvres, sorts la con-chiite aussi de son très distingué directeur, M. Baumgart, qui a si intelligemment et si vaillamment travaillé à sa magni-fique renaissance. Notre Manufacture est admirable aujourd’hui, supérieure peut-etre à toute Mitai par les puissances de son outillage, par toutes les richesses de sa prodigieuse technique. J’ai vu d’elle des vases gigantesques et d’une éblouissante ou délicieuse décoration, des pièces étonnantes, comme les Chinois et les Japonais seuls ont su ou savent en produire. Parfaits sont tous ses biscuits. Elle est revenue à la vraie dé-coration de la porcelaine, et le goût de ses artistes est excellent, autant que celui de tous ces artistes du Nord. Elle a Thesmar, elle a Gros, qui ne sont qu’à elle. Mais je voudrais qu’elle eût aussi son école de pay-sagistes et même son école de décoration plastique, son école de sculpture, et non en biscuit, mais en porcelaine, comme celles des manufactures du Danem art:. Pourq uoi n’aurait-elle pas une école de paysagistes décorateurs, comparable à celle qui l’ait la gloire des Manufactures danoises ? Puisqu’elle le peut aujourd’hui, pourquoi n’appellerait-elle pas quelques-uns de nos paysagistes? je pense en ce moment à des artistes admirables, et vraiment poètes, à ceux d’abord ayant lesens, le goût, le génie de cette décoration, tels que M. Ménard, et dans un autre genre, M. H. Rivière. J’ajouterai enfin, pour continuer et ache-ver ce parallèle, que les Manufactures da-noises, même la royale, malgré son titre, n’ont rien à faire avec l’État: je suis fort peu étatiste; et cela encore leur fait grand honneur à mes yeux, puisque tant d’oeuvres d’art, dont beaucoup sont d’une perfection absolue, elles savent les accomplir sans aucun secours officiel. Je regrette de n’avoir pst visiter en Dane-mark d’autres établissements de céramique remarquables, d’abord celui de M. Kiahler. Le Danemark tient aujourd’hui dans l’art une place très haute. Gomme l’oeuvre de Gallé, celle de Lalique et de son école, comme en Amérique celle de Tiffany, comme celle de Sèvres et de certains de nos céramistes, la porcelaine du Danemark est Lille œuvre d’absolue et d’éternelle beauté, à placer pour jamais parmi les manifestations les plus pré-cieuses de l’art décoratif. ,I EAn Larron. 196 MANUFACTURE ROYALE