L’ART DÉCORATIF leurs longues ailes étendues contournent et encerclent le vase. Voici de lui six éton-nantes assiettes à dessert (une série qui commence), dont le bord seul porte une décoration : tout l’infini de la mer tient en l’étroit contour de l’une d’elles, avec la fuite des bateaux de pèche vers le large. Il est le peintre des oies sauvages, des oiseaux de mer, chassant, volant en des zigzags fous sur les vagues, le peintre des mers, ou des lacs, des étangs de là-bas. Voyez sur ce vase si bien la teinte de mort ; et, le traversant, un petit pont de bois porte sur sa ba-lustrade blanche de neige un corbeau noir, seul vivant en ce morne paysage hivernal. M. Ussing vient de faire ce beau vase, un vase très long, avec une théorie, l’en-tourant, de barques sur la mer, et de dé-corer, sous le titre des s mois de l’année », une série de plats, recouverts de paysages d’eau, de neige, de prairies ou de bois. Mu’ Nathanielsen est restée l’excellente 13114G ET GRCENDAHL cette vaste étendue d’eau grise, où flottent, se hérissent de petites îles vertes, et qu’au loin ferme une de ces lignes de rivage très bas, un simple trait de pinceau, comme on en rencontre si souvent en Danemark ou en Suède ; et au-devant, un échassier solitaire posé sur une pierre du rivage. M. Liisberg aussi nous est bien connu par ses oiseaux et ses paysages. Voyez celui-ci avec sa perspective d’eaux dormantes et de grands arbres; et cette mer, sous ce vol de mouettes battant infatigablement l’air de leurs ailes blanches. De M. Fischer, l’auteur du merveilleux vase aux chats ”, exposé en 1900, je note un fin paysage d’hiver: la neige tombe, le long des saules dépouillés dort un ruisseau gelé, dont le gris fin de la porcelaine rend artiste que nous connaissons aussi depuis l’Exposition. M. Gulbrandsen peint ses fleurs sur un fond gris bleuté de masses d’arbres décoratives ; il aime ces masses de verdure se reflétant sur des eaux dormantes et se découpant sur un ciel pale teinté de rose. Notre Corot eût été ravi de cet art si pareil au sien, où se répondent comme des mu-siques voilées toutes les magies du ciel et des eaux, avec l’accompagnement discret de verdures parfois noyées en des brumes. Et à ce propos l’on songe à ce qu’un tel artiste eût pu faire en notre Manufacture de Sèvres, si on l’y avait invité: mais qui jamais y songea? s Il existe, disais-je aux Danois, une cor-respondance, une concordance remarquable entre votre paysage et votre porcelaine. Oui, le paysage danois est fait pour la p 192