L’ART DÉCORATIF lumières. Ce n’est pas à lui que l’on peut reprocher de peindre toujours la même tête. Nul ne se renouvelle davantage, ne conserve autant dans sa facture de si grandes qualités de constante jeunesse. Son Collier de perles (voir sous ce titre une nuque de blonde, mousseuse et fondante) est un pur vues et senties, chacune avec un accent très Particulier. Au caractère propre d’une vision de nature correspond une facture spéciale : la petite marchande de carottes, qui a des touffes de cheveux de la même couleur que ses légumes; ce profil quasi-monacal qui se détache sèchement sur une perspective de Ville close, dans un coin perdu de Bretagne ; la Fête arabe ou l’Ouled-Naïl, dans leur variété de taches, con-crètent, peut-on dire, des groupes de sensations. C’est aussi un très délicat artiste que Léandre, qui, à côté de ses cari-catures pleines de verve et d’observa-tion, éVoque de charmants portraits, avec la mélancolie des grâces d’autre-fois (Portrait de Mik L. F. et En SOU-venir de Gavarni). Nous retrouvons aux Pastellistes les étincelantes visions de Gaston La Totichè,: dont cherche à se rapprocher M. Guirand de Scévola. M. La Touche est moins personnel peut-être dans ses Danseuses, aperçues dans la féerie des décors ; une Liseuse est d’un dessin plus ferme que de coutume. Avec plai-sir missi on revoit l’heure mystérieuse de M. Le Sidaner, où les fenêtres s’al-lument. J’aime surtout le Bassin, d’une notation plus complètement juste dans l’étude des plans et de l’enveloppe. M. Lhermitte: dessine toujours admira-blement en couleurs de vrais paysans et de la vraie Campagne, c’est-à-dire celle que n’a jamais connue M. Jules Breton; et M. René Ménard est repré-senté par un seul beau pastel, de la série de ses temples ruinés : Égine. M. • Georges Picard, qui est un artiste trop: rare, figure aux Pastellistes avec un délicieux portrait de femme, doux et souriant, pour lequel M. Moren-villicr a su chercher un cadre intéressant; et les paysages de M. Sonnier ont beaucoup de charme : le caractère un peu âpre de la Corse s’unit cette fois-ci à des rives de Bretagne. L’Automobile-Club a voulu prendre rang parmi les grands cercles artistiques, et il a ouvert, lui aussi, son petit salon. La tentative a été fort médiocre d’un côté — le côté de la peinture, où je ne vois guère à relever que les Forain, un crayon de LALIQW, Pendant délice; la liseuse qu’il intitule Rêverie, la figure Sous un chapeau noir, et même Une très grosse femme — qui flattera moins les acheteurs — sont encore de superbes études de peintre. Les envois de M. Lévy-Dhurmer sont aussi très variés. Le portrait nocturne de Mai X., d’une heureuse fantaisie, met bien en valeur, en la frisant de bleu, cette na-ture délicate de blonde. Des notes de Bre-tagne et d’Algérie sont plus directement 184 FIND ART DOC