L’ART DÉCORATIF que l’art s’est développé. Et par là même les artistes, qui croyaient décentraliser, ont centralisé, car la centralisation n’est que le témoignage que la vie est plus générale. Mais il reste à expliquer pourquoi l’art lorrain est décoratif. Il y aurait d’abord à répondre que Priant, A. Morot, Henri Royer, Petitjean, ne sont que peintres, et leur no-toriété, on en conviendra facilement, égale d’une ruche-mère. Mais ces colonies ou-blièrent d’où elles sont venues, et chacune aujourd’hui vit indépendante, d’une vie per-sonnelle. Le succès et le temps firent le reste. Quant à la persistance du groupement, il faut en attribuer aussi une bonne part à l’influence personnelle’ de Victor Prouvé, qui remplit à Nancy, auprès des plus jeunes t’. COURTEIX au moins celle de la plupart des décorateurs. Il devient beaucoup plus facile de répondre, cette observation faite, parce qu’on ne saurait plus douter que la décoration n’est pas la marque caractéristique; foncière des artistes lorrains. A notre avis, il faut attri-buer la création du centre décoratif lorrain à Émile Gallé, c’est lui qui a été l’initiateur. Il fit d’abord du verre : les frères Daum le suivirent. Puis il fit du meuble : alors Louis Majorelle vint. Puis chaéun de ces deux ar-tistes provoquèrent à leur tour la venue de rivaux; et ainsi l’art lorrain s’est agrandi, par essaimage, comme autant de colonies artistes de la Maison d’Art, le rôle actit d’un maitre fraternel : il les enseigne en causant; ses avis discutés sont goûtés, parce qu’il a une parole chaude, un grand coeur, et une expérience abondante. Que les décorateurs lorrains restent groupés sorts l’appellation qu’ils ont choisie, nul n’y verra d’inconvénient, à condition toutefois que ce ne soit là qu’une marque commerciale. Il serait fâcheux qu’elle devint comme un signe de ralliement artistique : ils aboutiraient bien vite art procédé, à l’imi-tation mutuelle. 182 MAXIM