L’ÉCOLE DE NANCY habiller un vase ou un meuble. Ainsi l’oeuvre d’art, puisée dans les types naturels, continue, prolonge la nature. Un style nouveau se for-mait. Les artistes anciens avaient évidemment plus ou moins procédé ainsi : les arceaux de nos cathédrales sont nés dans les forêts; mais un moment vint où l’origine des mo-dèles fut oubliée, et ce ne fut plus que la sty-lisation qui devint la source de l’inspiration. illustre un vers de Verhaeren, et surtout la Chambre à coucher aux ombellifères. Le nom indique le thème de l’inspiration. L’oeuvre est belle, tendre, intime c’est un jardin infiniment élégant et parfumé; les chaises sont gracieuses, leur dos accueillant; les lits profonds comme un divan de Bau-delaire. C’est somptueusement floral : qu’il nous soit seulement permis d’ajouter que la E. GALLE L’art se copiait, vivait sur son propre fonds, et se tarissait comme un étang dont on a levé les vannes. Gallé aura été un des maîtres qui auront rappelé et mis en oeuvre avec le plus de génie la tradition naturaliste des grandes époques d’art. Il a écrit, il a parlé, il a oeuvré avec une patience que rien n’a rebuté, et il peut aujourd’hui contempler avec orgueil une postérité d’artistes qui lui doivent tant, et dont les meilleurs cependant ne lui ressemblent pas. Là est la preuve que son enseignement fut fécond. Parmi ses meubles, citons Africa, bi-bliothèque en bois des îles; la Vitrine, qui Chambre à coucher construction manque un peu de force. La fleur est ajoutée à l’architecture, elle ne fait pas corps avec le meuble, autant que nous le voudrions. Chaque fois que je vois des meubles d’Émile Gallé, je pense inévitable-ment à Anatole France. Ces deux artistes ont les plus extraordinaires ressemblances an point de vue de la facture. Chez l’auteur de Thaïs, la phrase est savoureuse ; chaque épithète a une valeur inestimable, mais la composition n’est jamais assez serrée. On oublie les défauts en lisant, on se laisse aller au charme des détails; on ne pense à critiquer que lorsque le livre est fermé. Il est presque trop tard