L’ART DÉCORATIF le beau Portrait de Madame Besnard, très sobre dans sa robe noire et sous le jour de l’atelier, est d’une simple et grande allure C’est un morceau qui a dès maintenant sa place marquée dans un musée, et nous ne serions pas surpris qu’il aille l’y prendre dès la clôture du Salon. Le visage, en profil un peu perdu, est révélateur d’énergie et de bonté ; les cheveux relevés avec une élé-gance aisée dégagent la claire intelligence du front. M. Albert Besnard nous a donné ici dont il a déjà retiré tout un poignant poème, et dans un humble corps de vieux cheval, le poil froissé et frissonnant, qui broute une herbe maigre. Le morceau est digne de Courbet, et d’une force dépouillée de tout artifice et de tout effet vain. Avec son Deuil Marin, Charles Cottet revient sur une scène muette et poignante qu’il a déjà tenté à plusieurs reprises de rendre. Le tableau prend cette fois-ci, par l’intensité des visages analysés, une profon-RENÉ MÉNARD même, dans cette Revue, il y a peu de mois, un portrait écrit de l’artiste et de la femme d’un haut caractère qu’est M,,,= Bes-nard, — et de cela nous gardons mie grande gratitude ; aujourd’hui, le peintre complète son oeuvre par une effigie scrupuleuse et noble, où il a mis un très profond senti-ment. La sensation de vie, d’êtres vivants en face desquels on nous jette, nous la retrou-vons encore citez bien d’autres, de quelque façon qu’ils aient été conduits à la dégager. M. Cottet a été la puiser à la fois au pays de la mer et des deuils, dans cette Bretagne Les Errants deur particulière. Ces deux peintures restent deux morceaux de premier ordre, dans la différence des sujets. Se pencher sur la vie animale et végétale, comme observer une humanité plus rapprochée de la nature, re-flétant mieux les sentiments primitifs, c’est aller à la source certaine des oeuvres fortes. Nous verrons comment bien des artistes, avec leur tempérament propre, ont compris ces vérités, et nous examinerons leurs ou-vrages au point de vue de l’impression vi-vante qui les a inspirées et qu’elles projettent à leur tour. (A suivre.) i68 Gustave SOULIER.