LA PEINTURE AUX SALONS Quand Ghirlandajo peignait ses fresques dans le choeur de Santa Maria Novella, c’était bien la Vierge et ses compagnes qu’il représentait, mais c’était en même temps Giovanna Tor-nabuoni ou Ginevra dei Benci, qu’il voyait se pro-mener et qu’il avait même tout loisir de faire poser devant lui. Dans la poésie de sa Pri. marera , com-posée avec nu exquis sentiment de souplesse et décoratif, ce sont de jeunes corps que Bot-ticelli veut peindre, en ré-vélant toute la grâce précise sous les étoffes légères. Et le plus éthéré, le plus «spirituel des peintres, l’Angelico lui-méme, nous a retracé dans les figures de ses apôtres, de ses Vierges, de ses saints, des vi-sages humains, reflétant des sen-timents terres-tres, des âmes simples et rus-HENRI MARTI:, tiques, choisies parmi celles qu’il voyait près de lui : celui-Là aussi a été, au sens le plus profond du mot, un réaliste. Si l’on continuait à passer en revue les maitres les plus authentiques de la peinture, on verrait que tous se sont simplement ef-forcés de peindre la vie, humble ou fas-tueuse, de nous mettre en présence de créa-tures humaines, ou bien de l’énigmatique personnalité de la nature, des forêts, des champs, des nuages, des montagnes, des fleuves ou des océans ; car à travers leurs métamorphoses, nous sentons une Jlsecure 165 Peinture décorative pour le Capitole de Toulouse parenté avec nos propres transformations. Mais c’est toujours la vie que l’on sent pal-piter dans leur œuvre, même lorsqu’ils ont voulu la voir comme pacifiée, « transmuée en rêve », pourrait-on dire. Lorsqu’on a vu paraître le jeune talent de Caro-Delvaille, dont nous parlions tout à l’heure, on a prononcé à la fois, devant