L’A RT DÉCORATIF rêves, si l’on veut, mais des rêves puisés dans les réalités mêmes de la nature et de la vie, voilà la substance dont se nour-rissent les oeuvres fortes et durables. L’oeuvre qui s’abstrairait de la nature pour ne poursuivre que des chimères ris-tumultueuses, agité sous le front de ses per-sonnages des songes plus mystérieux que Michel-Ange, au plafond de la Sixtine ? Mais quel est l’art qui nous donne en même temps une impression plus intense et plus poignante d’humanité? C’est que de véri-tables pensées se dé-couvrent dans le jeu des muscles boule-versant ces visages anxieux; c’est que la douleur, l’an-goisse de l’inconnu, la méditation, l’allé-gresse de la force se déchiffrent dans des attitudes stricte. ment expressives, qui sont comme le signe abréviatif de tout un sentiment, la pose instinctive à laquelle se plie le corps possédé par une pensée, par un état d’ame déter-minés. De méme que l’on peut fixer tout un alphabet des mouvements du vi-sage, de même tou-tes les lignes du corps, dans l’infinie variété des attitudes droites ou infléchies, pourraient être cata-loguées et définies par une nuance d’expression psycho. logique. De cette subtile et sûre étude, l’art dramatique et les arts figurés reti-reraient à la fois des HENRI MARTIN Peinture décorative pour querait fort, malgré le talent de métier et 1 l’iàgéniosité de penseur qu’elle pourrait ren- d fermer, de n’être qu’une oeuvre artificielle, n accessible seulement à quelques-uns. Quel-ques grands exemples pourraient être cités. o Quel peintre a remué des visions plus e le Capitole de Toulouse moyens singulière-ment forts et émou-vants. Les maîtres es plus éprouvés de l’art ne manquent pas, ‘ailleurs, de poursuivre cette analyse des muvements expressifs. Il n’y a qu’une réalité, celle que l’on bserve soi-même autour de soi ; et ‘ lie qui a toujours nourri les oeuvres ,64