L’ART DECORATIF Il est bien rare, en effet, que l’on voie éclater avec soudaineté un talent imprévu, armé du premier coup pour la lutte et pour la victoire. Le cas n’est pas impossible ce-pendant, et il arrive que de jeunes artistes, mûris dans l’étude solitaire, loin des expo-sitions, n’entrent en contact avec le pu-blic que lorsqu’ils se sentent maîtres de leurs moyens d’expression. On se rappelle Nous avons de plus sérieuses garanties avec les artistes dont nous avons vu le ta-lent se compléter et se fortifier peu à peu. Nous savons ceux-là assez sincères pour ne pas chercher la réussite d’un moment, et pour nous présenter une oeuvre vraiment méditée et faite, une oeuvre qui soit non pas suc notation de hasard, mais le résultat d’observa-tions préalables, le point définitif d’un effort. CH. COTTET quelle heureuse surprise a accueilli, il y a deux ans, au Salon des Artistes Français, les premiers tableaux de M. Caro-Delvaille, chez qui l’on trouvait à la fois de la fraî-cheur et de la solidité, de la sûreté et de la souplesse. Mais on ne peut compter sur la fréquence de pareils exemples. Et d’autre part, les ouvrages qui aspirent à devenir le don du Salon ne cherchent en général à attirer le spectateur que par leurs dimen-sions et par un attrait de curiosité assez étranger à la valeur artistique elle-même : l’intérêt suscité n’est que fort éphémère. Vieux cheval breton L’examen d’un Salon annuel ne doit pas seulement tenir pour nous de la chro-nique; notre tâche consiste à discerner au-tant que possible les artistes qui travaillent pour l’éternité, les oeuvres qui resteront les pièces des musées futurs, parce qu’elles de-meureront une expression puissante de l’art et de la vie. Musset fait dire au jeune peintre Te-baldeo, dans Loreniaccio : s Réaliser des rêves, voilà la vie du peintre. Les plus grands ont représenté les leurs dans toute leur force et sans y rien changer. » Des 162 FIND ART DOC