L’ART DÉCORATIF d’une ville fameuse, — comme l’, Agrigente» du musée du Luxembourg, que le génie de l’homme édifia et que la nature reprend lentement par la tournée de ses sables et la morsure de ses brises, comme tant de et tristes, la désolation des dunes, les prairies maigres où paissent quelques chevaux, des ciels gris où le vent varie sans cesse la forme des nues. Il y a là-dedans l’expression d’un talent singulièrement fort et réfléchi, habile à dégager la poésie des choses, d’un art ro-buste et sûr qui sait ca-dencer les lignes, équilibrer les masses, expliquer les terrains dans leurs mouve-ments divers, depuis les premiers plans jusqu’aux lointains vaporeux. Quatre tableaux et des eaux-fortes puissamment traitées repré-sentent ici l’habituelle ma-nière de M. Dauchez, grave, un peu farouche; mais une cinquième toile, t le Mouil-lage» , le révèle suscep-tible de tendresse. J’ai gardé quant à moi un délicieux souvenir de ces grands nuages roses reflétant leur grâce molle dans la mer. R. A. Ulmann appliquait l’an dernier à des vues de voies ferrées et de gares les procédés d’interprétation de MM. Ménard et Dauchez. Il magnifie cette fois le pit-toresque du port de Ham-bourg. Fusant au bas de ciels gris et violets, les rayons du couchant glissent contre les flots, frappent les lourds remorqueurs, les barques, les pilotis, en-cadrent leurs silhouettes noires, subtilisent les fu-mées, mettent sur toute cette laideur industrielle la poé-sie de la lumière. Claude Lorrain vêtait d’une telle dorure ses architectures ma-jestueuses, ses terrasses, ses escaliers de marbre, ses galions noblement pavoisés. M. Georges Griveau chérit les harmo-nies éteintes, au premier regard un peu ternes, pleines pourtant de nuances exquises. Il ne s’en réfère pas à Claude Gellée, mais à Corot, et ses villages où la vie est R. DE SAINT-12121RCEAUX temples, tant d’imposants décombres, — elle respire la majesté, l’émouvante mélancolie de l’Histoire. Les toiles d’André Dauchez n’ont pas moins de solennité. Elles ne reproduisent pas des aspects de la « Terre antique », mais seulement des paysages de Bretagne, sombres 154 ,