A TRAVERS LES EXPOSITIONS PANS les galeries Durand-Ruel, rue Laffitte, la « Société Nouvelle de peintres et sculpteurs » a tenu, du 14 février au 7 mars, sa quatrième exposition. Elle nous a montré cette fois encore un ensemble d’oeuvres fort curieuses, et dignes de personnalités qu’a réunies un même besoin d’art noble et médité. L’an dernier, j’ai eu la joie de louer ici M. René Ménard. J’ai dit, faiblement sans doute, la noblesse de son inspiration, son large style, son pittoresque grandiose et harmonieux. J’ai montré les rapports de son oeuvre avec celles de Claude Gellée, de Poussin, de Ruysdaël. J’ai tenté de préciser aussi ce que cette oeuvre présente d’abso-lument original: la piété« du souvenir, la grave douceur du songe, un merveilleux par-fum venu du fond des âges, et, dans la représentation de la nature sous ses aspects les plus généraux, les plus im-muables, la notation de telle minute précise, unique en l’infini du temps. Je ne dé-crirai pas les six pastels dont la discrète splendeur rayonne dans les Salons de la rue Laffitte. On y trouve, comme dans tous les paysages de l’artiste, des nuages marmo-réens, des eaux rythmique-ment balancées et, sur des ciels d’or et de roses, la sil-houette des côtes, des pro-montoires, des arbres et des ruines qui révèle la « Terre antique ». Ou y goûte l’âme des siècles défunts. Paysage historique! j’ai souvent entendu caractériser ainsi le genre de M. René Ménard. J’adopterais volontiers l’expression, si je ne craignais qu’elle ne fît songer malencontreusement aux pédantes compositions d’école, aux sites laborieu-sement architecturés par Valenciennes et par Bertin, qu’elle ne fût pour beaucoup syno-M. BODTEL DE MONVEL 153 Portrait nyme d’artificiel, d’académique, de « pom-pier». Mais vraiment cette « Corinthe » où quelques colonnes, surmontées de leur archi-trave, debout dans l’herbe drue, attestent seules devant le ciel et la mer l’existence 20 FIND ART DOC