L’ART DÉCORATIF Dirai-je encore que M. Jean Rémond enveloppe d’une atmosphère exquisement veloutée ses scènes bretonnes, où il y a aussi de chauds effets de couleur, et quelquefois, comme dans Audierne, une façon ingénieuse de voir et (t’interpréter? Que M. G. Souillet a des paysages parisiens d’une sérieuse sinon pour arriver aux sujets de genre avec M. Lucien Monod, dont on aime toujours autant les crayons et les sanguines. Il y a dans la Promeneuse de Trianon, dans les Baigneuses et les nus réunis cette année autant de charme et autant de grâce que dans ceux de naguère, et c’est suffisant pour maintenir leur réputation. J’ai gardé pour la fin les fleurs et les fruits de M. G. Lecreux, qui sont d’une vérité exquise, d’une lu-minosité et d’une transparence in-comparables. L’auteur sait les grou-per avec beaucoup d’art et réhabiliter ainsi le tableau de fleurs, — tant compromis par tant de demoiselles-artistes. CLEtSENT MERE ET FRANZ WALDRAFF Buvard qualité, quoique un peu froids? Et qu’on peut en dire autant de ceux qu’expose M. Louis Toussaint, d’une vision juste quand il s’agit de la Place Saint-Jacques on de la Rue de la Parcheminerie, mais d’un métier un peu inférieur à un thème aussi délicat que celui du Brouillard sur la Seine? Il faut nous en tenir là et quitter les paysa-gistes si nous voulons n’oublier personne. M. A. Thomas, avec sa Vision antique, et M. H. Thiérot, qui a intitulé Rêverie un joli nu dans une lumière atténuée, et encore M. Saunier, dont j’allais oublier le joli Coin de Rivière, nous fourniront une tran-A la sculpture, une des meilleures choses est le Stéphane Mallarmé de M. Reymond- de Broutelles, très fin, un peu trop fin peut-être, mais, par cela même, d’une très vivante ex-pression. Le Semeur de M. Trenta-cosse est nerveux, fin et calme; on y sent très vivement la tradition ita-lienne, où se trahit la nationalité de Pauteitr, et une force très personnelle. M. Paul Nocquet, au contraire, à force de chercher l’originalité, tombe quelquefois dans le bizarre, — défaut qu’on pourrait reprocher à deux ou trois jeunes sculpteurs de ce temps, mais qu’on est tenté d’excuser, en ce qu’il va à l’encontre de tant de froideurs… Chez M. Nocquet, lorsque le bizarre cède la place au naturel, on se trouve en face d’une oeuvre harmonieuse et forte, comme la Femme à la faucille, — ou d’oeuvres curieusement expressives, comme la Femme qui bâille, la Vanité, etc. Ne pas glisser sur cette pente. Les bustes et projets de monuments de M. Eugène Boverie ont de sérieuses qualités d’ensemble, les statuettes de M. Engrand ont beaucoup de grâce et de pittoresque. Le Jeune bull-terrier de M. Froment-Meurice, dont il fallait voir aussi quelques plaquettes fortement modelées, est une heureuse adap-tation du grès Bigot à la statuaire ; et le portrait d’Émile Wilstram, statuaire finnois, par Mme C. Benediks-Bruce, a du caractère, – un caractère qu’on doit reconnaître aussi ■46 FIND ART DOC