LA SOIERIE duite de « grès », subit tant d’opérations qui en modifient la résistance ! Le décreusage débarrasse du « grès », la cuisson dans l’eau de savon purifie. Les soies ordinaires ne subissent qu’une demi-cuisson dans la soude bouillante , les soies brunes de Chine, ou tussor, sont décolorées par le bioxyde de baryum, vulgo « eau oxygénée »- Le cocota dévidé, on associe plusieurs fils pour obtenir la résistance désirée. Les soies de trame veulent cent dis à cent vingt torsions par mètre.; les fils de chaîne, ou « organ-sins », une retorsion finale. Mais il ne faut pas con-fondre les organsins et les soies « retorses déchets réunis brins à brins. Le talent du moulinier sera d’éviter ces déchets, destinés à la « schappe » , qui est une moins-valeur. Le fil tordu est en-roulé en « flotte»; pour en connaître la force, on le soumet au conditionnement, on le dessèche en des cham-bres étuves, on l’étire jusqu’à la rupture -sous l’effort « d’ap-pareils enregistreurs spé-ciaux, on le pèse au milli-gramme. C’est le travail ita-lien de la stagionatura, ou mise en état normal. Le poids marchand de la soie, ou poids conditionné, est fixé au poids absolu aug-menté de t t o/o. On établit ensuite la « chaîne» du tissu, c’est-à-dire la rangée de fils parallèles, tendus horizon-talement dans le sens de la longueur du métier, au travers desquels croisera la trame pour constituer l’armure, à l’aide des « lisses » qui soulèveront alter-nativement un certain nombre des fils de la chaîne. Les lisses sont toises en mouve-ment par des leviers sous le pied du tisseur ; les fils de la trame, lancés à travers ceux de la chaîne, sont rapprochés et serrés au fur et à mesure par un « battant t, mit à la main, porteur d’un peigne d’acier. C’est ainsi que se font les étoffes unies, c’est ainsi que se compose t, l’armure ». L’armure est la base même du tissage, c’est la plume pour écrire, c’est aussi le papier. C’est le treillis où viendront s’appli-quer les fleurs et les ornements, c’est toute la combinaison des fils, la trame et la chaîne qui se chevauchent à tour de rôle ; et de cet amalgame l’habile artisan peut obtenir les effets les plus variés et les plus imprévus. Les armures fondamentales sont la toile, le gros de Tours, le sergé et leurs congénères. CHATEL ET TASSI.API On les explique par le nombre des fils de la chaîne, celui des lisses, celui des brins retordus de la trame. Lorsque les points de liage de l’armure demeurent invisibles, le tissu prend un aspect brillant: c’est le satin. Il est certain que si les fils de la trame sont de couleur différente de ceux de la chaîne, le fond sera mélangé. Pour éviter cette fusion souvent gênante, les trames sont » lattées z, par bandes, et liées à l’envers avec la chaîne. Supposons qu’il y ait quatre couleurs dans le dessin à reproduire. Pour 14.