L’ART DÉCORATIF avons un peu intimement fréquentés ; c’est elle qui réprima tout ce que leur fantaisie aurait pu avoir d’excessif. Toute leur ambition fut de donner aux objets qu’ils étaient chargés de fa-çonner ou de décorer la forme et l’ornemen-tation les mieux appropriées à leur destination ; ils y réussirent à merveille, et nous ne con-naissons pas, aux beaux temps de l’art du Japon, de bol à thé oit il ne soit agréable le tour de force pour l’amour du tour de force ; au contraire, c’est l’unique culte de son art moderne, et c’est là ce qui frappa surtout l’Europe quand elle fut entrée en contact avec lui. On vit dans le Japonais un partisan convaincu de la théorie de l’art pour l’art, qui, en matière d’art décoratif, est la plus absurde de toutes celles qui se pourront imaginer, et cette fausse conception COLLECTION HAYASHI de boire, d’écritoire de laque avec laquelle on n’aurait pu écrire, ou de garde de sabre qui aurait nui par son décor à l’arme dont elle devait augmenter la solidité. L’utile passait avant le brillant. A la vérité, quand les tra-ditions séculaires du Japon vinrent à s’af-faiblir, quand, au siècle dernier, le parfait équilibre qui régnait dans cette civilisation se rompit et que, malgré les barrières qui subsistaient encore, l’influence de l’Europe commença à se faire sentir, cette parfaite mesure qui avait été la marque de l’art japonais disparut, et le malheur voulut que ce furent des objets de ces époques de décadence qui tombèrent d’abord sous les yeux de nos artistes. Le Japonais est un ouvrier d’une habileté merveilleuse ; mais dans les périodes de grand style, elle ne l’avait jamais entraîné, et il ne pratiqua pas Peignes gâte en partie le bien que sa rencontre avec le Japon devait faire à l’art moderne. Des expositions comme celles des col-lections Hayashi, la réunion dans les musées d’oeuvres bien choisies, ainsi que commence à le faire le Louvre, dans des galeries hélas trop peu garnies encore, et aussi, il faut le dire, trop peu connues et visitées du public et surtout des artistes ; tout cela pourra contribuer à remettre l’art contemporain dans la voie que lui trace le véritable art japonais. Grâce à lui, il s’est débarrassé des anciennes stylisations qui avaient fait leur temps; grâce à lui, il a rouvert sur la nature des yeux plus frais et il a su s’en inspirer, — car la sincérité du naturalisme dans son décor est une qualité que le Japo-nais, même aux plus tristes moments de décadence, n’avait jamais perdue. Q 132 FIND ART DOC