LES DESSINS DE LUCIEN MONOD tout oit ils paraissent, ces dessins ne peuvent manquer de fixer l’attention. Ils prennent place, nous en avons la conviction, parmi les documents les plus authentiques de la vie contemporaine. On se souvient de cette belle exposition de Portraits de femmes et d’enfants, orga-nisée, il y a déjà plusieurs années, à l’École des Beaux-Arts. On y voyait comment, de siècle en siècle, les coeurs et les cerveaux d’ar-tistes, miroir cons-cient du sentiment de leur époque, comprenaient les êtres qui font le double charme de notre vie. Dans une exposition future, les dessins de M. Lucien Monod se-ront aussi de pré-cieux témoins, au-près des pointes sèches de M. Helleu, par exemple. Ceder-nier artiste aura re-tracé de notre con-temporaine les poses étirées, les ‘grâces coquettes, la femme élégante d’aujour-d’hui, parée, adulée, ondoyante, le côté instinctif et a ani-mal si l’on peut ainsi dire sans irres-pect, de natures très raffinées. M. Lucien Monod en aura don-né le côté plus pro-fond; ce sont des portraits plus pensifs; notre intellectualité éveillée, une indépendance d’esprit quelque peu frondeuse s’y découvre parfois, de façon très évidente. Ce ne sont plus les bonnes dames placides d’Ingres; les temps ont marché, notre psychologie aussi. Il est bien certain que les estampes et les dessins garderont très spécialement ce caractère de documents précis, pour la compréhension de notre époque, l’analyse de nos états d’âme. Le tracé au burin ou au crayon a quelque ‘chose de plus rapide que la peinture, de plus instantané même, pouvons-nous dire. L’artiste y saisit davan-Portrait de lek, S. 1 2 7 (Photographie Rouxi tage notre air de tons les jours, notre allure familière. Le portrait peint invite à un peu plus d’apprêt, parce qu’il exhorte aux recherches de couleurs, à la combinaison du tableau. Les éléments se trouvent sim-plifiés dans le dessin ou sur la planche de cuivre ; on y pose moins. Il ne viendra jamais à l’idée de tous cens que nous voyons pompeusement repré-