L’ART DÉCORATIF on désespère de la trouver jamais, lorsqu’on la voit soudainement soulever une figure de Rodin, parer une statuette de Dampt, de Vallgren, de Théodore Rivière, de Dejean, de Pierre Roche, ennoblir un groupe de Bartholomé, d’Émile Derré, de Bloch, une allégorie républicaine de Camille Lefèvre. signifier ses souffrances, ses résignations et ses rêves par le geste simple et magnifique des mineurs de Constantin Meunier. Les artistes que je cite aiment et comprennent la vie. Aussi, dans les expositions, peut-on marcher à leurs œuvres sans crainte, avec l’assurance d’y trouver une expression intel-ligente, volontaire et profondément sympa-thique de l’âme contemporaine. Le Salon de 1902, en compensation dv bien des tristesses, a donné aux curieux d’art la joie de découvrir un talent sincère. sensible, soucieux de saisir la réalité hu-maine sous ses apparences d’aujourd’hui. Plusieurs se rappellent leur surprise et leur ravissement devant ces deux groupes plaire patiné : L’Enfant malade et 1,a Béné-diction de l’Aïeule. Après tant d’images arti-ficielles et prétentieuses, sait deux images respirant la plus humble, la plus touchante vérité. La Bénédiction de l’Aïeule : une pay-sanne, cassée par les travaux des champs, brûlée par les soleils, ridée par les jours et les peines, se tient derrière une première communiante. L’artiste a confronté, pour un effet d’émotion pure, la confiance candide et la douloureuse expérience. La Silhouette de eieille femme (Appartient à A1.• Ilinder,üestro) grand’mère ca-resse et baise en tremblant la jeune tete où tant de ferveur habite. l:ne grande fer-veur en vérité qui fait que les lèvres se serrent ardemment, que les yeux s’em-plissent d’extase, que tout le vi-sage s’éclaire comme è l’effleu-rement d’un in-time rayon. Et, îlanssa robe à plis, sous son voile 1 4 lmjalaii tut.) fraîchement empesé. la petite dit une prière d’espérance de toutes les forces neuves de, son âme, et la vieille à marmotte dit une prière aùssi, mais pleine d’inquiétude et de pitié. — L’Enfant malade, c’est un- groupe plus émouvant encore. Dans le désordre des oreillers, anéanti par la fièvre, un garçonnet, le torse dévétu, abandonne son front et sa main gauche au médecin robuste, à longue barbe, que la pratique des misères humaines n’a pas déshabitué de la compassion, et qui se penche sur lui tisser une intense sollici-tude. La mère est là, cachant sa tête sous son bras replié, écrasée contre les couver-tures, datas l’attente anxieuse des mots que le médecin hésite à prononcer, parce qu’il n’a pas encore mesuré le mal, parce que déjà, peut-être, il l’a reconnu mortel. Comme cela est simple et senti’ Pas de mise en scène, pas de déclamation. Mais quelle poi-gnante éloquence vous a ce dos de la mère, traversé de frissons ! Mais quel accent de douleur dans la maigre nudité de l’enfant, son regard vague, ses narines pincées, sa bouche entCouverte par une haleine sif-flante, la main droite qu’il laisse pendre au bord du lit, chaude et détendue! L’Enfant malade, la Bénédiction de l’Aïeule! On goûte l’émotion des deux œuvres nouvelles, leur FIND ART DOC