L’ART DÉCORATIF Leur. La maison de famille se perpétue de génération en génération sans modi-fications sensibles. Il est bien certain que les chambres prennent plus d’in-timité lorsqu’on y a grandi, lorsque les souvenirs sont nichés dans tous les coins, lorsque chaque meuble raconte une histoire. Celui qui renouvelle son mobilier pour le une importante note de couleur vibrante. Les intérieurs de cheminées très caractéris-tiques que l’on aperçoit dans les ensembles que nous reproduisons indiquent toute une tendance, que corroborent les suspensions, les chandeliers, les pendules et autres objets où le cuivre est encore employé. Des vases de grosse terre à décor rudi-mentaire se rangent sur les étagères courant autour de la salle, et les horloges à coffre complètent ce carac-tère traditionnel des grandes salles communes du pays. Notre Exposition Univer-selle de igoo nous avait déjà montré quelques tentatives de mobiliers hollandais dans ces données simples; l’an dernier, l’exposition d’Art Décoratif de Turin mit mieux eu valeur le caractère d’ensemble de cet art. D’im-AMSTELHOEK seul plaisir du changement se condamne à ne loger qu’en garni. Nous voyons le même sentiment du confort familial dominer en Hollande. Et comme autrefois c’étaient les grandes cui-sines hollandaises qui semblaient être le centre de la maison, les intérieurs nouveaux paraissent conserver quelque chose de cet aspect; les faïenciers de Delft et les chau-dronniers de l’Amstel y ont leur emploi. Un caractère de rusticité solide sort des fortes menuiseries, et les cuivres prennent portants ateliers, qui prirent le nom d’Amstelhon, ont joué un rôle particulièrement actif dans la diffusion indus-‘ nielle des divers éléments qui concourent à la décora-tion intérieure ; et depuis quelques mois cette maison a même fondé une succur-sale à Paris, où -l’intérêt de ces formes très sobres trouve des adeptes, rebutés à la fois par la factice confusion du Henri II et du Louis XV dans le déballage de nos Sa-lons, et par la poursuite exas-pérée d’un s moderne » dé-Buffet voyé, qui est à l’art normal d’aujourd’hui ce que la poésie de M. de Montesquiou est à la litté-rature. Des tables à pieds droits reliés par de bonnes traverses, d’amples fauteuils aux bras larges, des chaises à dossier de bois, voilà ce que nous fournit l’industrie hollandaise. Sur les surfaces rabotées, sans gorges, sans moulures, de petits points de marqueterie d’ivoire encastrent seuls un menu motif géo-métrique rompant la monotonie; c’est à peu près là tout ce que l’on peut signaler comme apport ornemental ajouté au mérite al 1°8