L’ART DÉCORATIF à l’artiste leurs thèmes chers à tout peintre amoureux de la lumière et des reflets, et il leur a dû quelques oeuvres où s’est encore affirmée sa science des effets décoratifs, son goût pour les harmonies bleues et orangées, sa recherche de certains gris et blancs dont l’emploi lui est person nel, son antipathie baie de Saint-Tropez art soleil couchant. Au premier et au second plan des femmes nues se baignent, jouent dans l’eau ou se reposent sur le rivage. En cette oeuvre se résument toutes les tendances de l’artiste : la courbe du golfe, l’eurythmie des vagues et des bois de pins font songer à Puvis de Chavannes, les femmes sont dessinées sagement, entremêlées avec une science heureuse de la composition, avec une grâce simple; toute l’oeuvre est sereine, pure, presque classique. Mais elle est revétue du plus éclatant coloris impressionniste. Baignée d’une lumière orangée qui rend plus froid encore le ton soufre et bleu pâle de la mer, elle accumule dans les ombres et les lumières les harmo-nies les plus osées, les plus violentes, et les plus juste-ment évocatrices pour ceux qui ont vu, avec une stu-peur que l’habitude ne di-minue point, ces orgies de lumière, criantes de beauté, ces fêtes invrai-semblables que sont les couchants des beaux jours méditerranéens. Ce grand panneau décoratif est une véritable baie ouverte sur la mer. La façon dont l’artiste y a instinctivement concilié le classicisme et l’impressionnisme me fait penser aux belles oeuvres de M. Henri Martin. Je ne vois que lui, dans l’art actuel, pour avoir uni à ce point les deux tendances et donné ainsi à l’impressionnisme sa véritable sanc-ûon en le considérant, non comme un nou-veau poncif, mais comme une rénovation tech-nique applicable à de très diverses concep-tions du dessin et de la composition picturale. L’oeuvre de M. Van Rysselberghe marque la complète éclosion d’une belle personnalité, le plus sérieux résultat du néo-impressionnisme, et elle fait prévoir qu’il prendra place parmi les mieux doués de nos décorateurs. l’A Id, four os portrait pour toutes les nuances assombries et pour tout ce qui donne de l’opacité aux valeurs. En ce sens, il peut compter parmi les pein-tres de la -jeune génération qui ont le mieux profité de l’exemple de Claude Monet et le plus intelligemment compris les applications de sa technique sans se restreindre à l’imiter. Le plus considérable effort de M. Van Rysselberghe a- été jusqu’ici une graffite Toile qui fit une profonde sensation, il y- a quelques années, au Salon de la Libre Es-thétique de Bruxelles. Elle représente la 88