L’ART DÉCORATIF rébellionné, hanté de visions et accalmi par la foi dans quelques vérités qui sont le sou-bassement de son âme. Le portrait de M. André Gide n’est pas moins beau. Son harmonie noire, son atti-tude sobre, les bras serrés au corps, une main remontantau visage et soutenant d’un doigt la tempe, la correction nette, l’élé-rose s’unissent avec une magistrale in-tensité. D’autre portraits, entre autres ceux de M. Gevaert, de Mm.Vielé-Griffin, de MD. Irma Sethe, un délicieux pastel de la fillette du peintre, attesteront sa science et son goût, pour aboutir à une toile importante que le musée de Bruxelles a acquise, le grand por-La rivière de Quimper (..-forte) gance froide, révèlent déjà la subtilité méta-physicienne du pâle visage aux yeux iro-niques, adoucis par la tristesse, au grand front précocement découvert et encadré par une chevelure presque romantique, complé-tant une face où il y a de Novalis, de Wer-ther et de Schumann. On considérera égale-ment à bon droit comme une belle chose la lithographie si expressive représentant M. Dario de Regoyos jouant de la guitare, et comme une autre belle oeuvre le portrait de Mm< Eugène Demolder, dont l'harmonie est si riche et si variée, et où toutes les tonalités d'or, d'émeraude, de bistre et de 86 trait de M... Van Rysselberghe et de sa fille, qui est une oeuvre complète, d'un beau style, assurément la plus remarquable qui ait été peinte par les néo-impressionnistes. L'arrangement de la jeune femme en robe claire à demi étendue, livre aux mains, au-près d'une table à thé, l'attitude de l'enfant, la symphonie des fonds de boiseries et de cadres surmontant le canapé, tout est sa-vant, aisé, logique et charmant dans cette composition où le procédé pointilliste re-constitue le tremblement subtil de l'atmo-sphère, le frisson même de la vie. Nulle imperfection, nul étalage de virtuos