«LA POIGNÉE» empire. Sans doute, il n’est pas absolument nécessaire de remonter jusqu’aux gothiques, moins encore d’aller chercher chez les grecs et les romains des sources d’inspiration qui ne conviennent nullement à notre tempérament, mais il ne serait pas inutile aux artisans modernes d’étudier de plus près cette époque d’équilibre heureux, entre la pompe du style Louis XIV et les tortillons italiens du style rocaille, que fut la Régence, l’époque de Wat-teau et de Cressent. Les meubles de M. Eugène Belville non plus ne me paraissent pas donner complètement l’indication d’un style. Là encore c’est surtout le tempérament indi-viduel de l’artiste qui se donne carrière. Mais on ne sent peut-étre pas assez le désir de construire des meu-bles pour des Parisiens d’au-jourd’hui. D’ailleurs je me plais à reconnaitre que ces meubles sont fort bien éta-blis, solides et d’apparence assez pratique. La table du moins, avec la plaque de cuivre découpé qui permet-tra de déposer les plats chauds et qui est d’un très agréable effet décoratif, est d’une fort bonne conception. Le buffet semble, au con-traire, bien compliqué. M. Eugène Belville emploie aussi le cuir, qu’il mélange volontiers au bois, trop volontiers même. Mais il possède évidemment son métier et sait tirer de cette matière de curieux effets. Ainsi dans ses reliures de Tragaldabas et des Contes de haute lisse. Toutes les matières, d’ailleurs, l’attirent : il expose une parure de corsage en dentelle polychrome, des bagues, des pendants, œillets ou gui ; il donne au ferronnier E. Robert le modèle de tel écran ou de tels chenets en cuivre et fer forgé. Celui-ci, l’un des plus habiles parmi les maîtres artisans d’aujourd’hui, plie le fer à toutes les trouvailles de son imagination décorative. Il invente des courbes très jolies E. ROBERT ET PROU 73 Grille pour créer une lanterM. en chandelier, On lustre, une applique. Si pour l’une de ces lampes le pied s’arrange assez mal, pour l’autre le support gras, bien en main, épanoui à la base en tripla branche, me convient