J. BRATEAU LA POIGNÉE » 1. semble que les artistes prennent peu à I peu l’habitude de se réunir en petits groupes pour exposer leurs oeuvres. Le fait s’est produit fréquemment pour les peintres depuis plusieurs années; voici qu’à leur tour les décorateurs et les ouvriers d’art agissent de même. Et là, ce groupement présente un double avantage : d’abord chacun des exposants peut montrer une part importante de son travail ; de plus la diversité des métiers de chacun d’eux varie l’intérét et retient mieux l’attention du visiteur. Ce sont sans doute des raisons de ce genre qui ont engagé quelques artistes d’au-jourd’hui à former cette réunion qu’ils ont 70 Drageoirs simplement dénommée la Poignée. Des sym-pathies d’esprit, des efforts parallèles les ont amenés naturellement à se choisir les uns les autres, et la multiplicité des matériaux qu’ils ont employés enlève à leur première expo-sition toute monotonie. Ainsi nous pouvons voir là à peu près tout ce qui touche à l’art décoratif, depuis l’architecture elle-même, qui a sa place grâce à d’intéressantes maquettes de M. J. M. Girard, un escalier et un perron de villa, jusqu’au meuble et méme jusqu’au bijou. Les deux principaux représentants de l’art du mobilier sont ici MM. Eugène Belville et M. P. Verneuil. Non qu’ils s’y soient complètement spécialisés, car on connaît le grand nombre d’applications que ce dernier a faites de son savoir de déco-rateur. On connaît ses deux recueils de planches où il continue l’enseignement de Grasset en montrant tout le parti qu’on peut tirer de la plante ou de l’animal dans la décoration. On connaît ses nombreuses tentures murales inspirées directement des mêmes principes, et il fait voir précisément chez MM. Chaine et Simonsohn des étoffes, des velours, un tapis où les angéliques, les pavots, les coloquintes ont servi de motifs. Ailleurs ce sont des paons ou même des chats qui sont interprétés pour une bordure ou pour une frise. J’aime infiniment cet art naturaliste, si occidental et si français surtout, et je re-grette un peu que M. Verneuil n’ai