L’ART DÉCORATIF FEUILLATP E d’âme. Acheter des étrennes, quel problème! Concilier l’imagination la plus délicate avec la plus élégante discrétion. Deviner les plus secrètes convoitises, et y répondre comme par hasard. Trouver des idées, des rappro-chements, des symboles. Être ingénieux, généreux… économe : supplice compliqué d’hésitations et de craintes, qui serait into-lérable s’il n’était adouci par la perspective encore égoïste de prendre sa part du plaisir qu’on va faire aux autres. Les expositions de fin décembre sont comme des refuges hospitaliers où vient s’apaiser la fièvre intermittente des donneurs d’étrennes. A l’intention de ceux-ci, des artisans s’ingénient maintenant chaque année à créer de la frivolité non banale, et aussi à mettre un peu de beauté dans des objets simplement usuels : Étrennes frivoles, étren-nes utiles, les unes et les autres trouvent acheteur, bien que ce ne soit encore que l’élite du public qui vienne acheter direc-tement aux artistes, II parait que le jour de l’an de 1903 a été assez fructueux pour quelques-uns de ceux-ci. Nous ne pouvons nous en étonner, car il y avait des oeuvres intéressantes dans chacun des cinq ou six groupements qu’il nous a été donné d’exa-de «l’homme qui doit offrir des étrennes» est un sujet qui devrait tenter les psy-chologues , –s’ils n’y ont pas déjà consacré quelques pages. Ce triste héros, persécuté par le souci d’une obli-gation coûteuse d’argent et d, tact, nous a tou-jours inspiré une pitié d’autant plus sincère et plus vive que nous nous sommes tous vus , au moins durant quelques heures, dans sa situation et dans son état 52