MADAME BESNA R I) Portrait de Georges Rodenbach tevis9ssi Rien jamais ne détonna dans ce cadre d’art ; de sa vie ma femme n’a proféré une plati-tude, un bourgeoisisine. Une autre fois, c’est mon modèle d’après lequel je ne suis plus en train de Peindre… alors vite un rapide croquis avec de la glaise, un geste compris, sur des oeuvres réalisées. Car si le premier jet est charmant, le travail a de la peine à le perfectionner. Et cependant il se dégage un charme très réel de ces nombreuses petites oeuvres, un charme de vérité rêvée, quelque chose dans le recul qui fait que nombre d’entre ces bustes ou statues contre lesquels, au temps de leur exécution, je m’étais montré terriblement sévère me deviennent par la suite si précieux que pieusement j’en réunis les morceaux lorsqu’un malheureux hasard les a brisés ; ce qui fait dire à ma femme en riant : titu n’aimes de moi que les oeuvres dont tu as oublié les modèles. Elle me dit de ces choses touchantes où sa modestie très sincère s’explique. s Faire une œuvre, à quoi bon ? — tu es là pour cela, me dit-elle une autre fois: il me suffit d’eue un artiste, de sentir profondément que je le suis et que tu en sois persuadé s. Ce subtil effacement d’une femme si militante par ailleurs n’est aucune-ment chez elle faiblesse féminine, et provient de la force de son esprit qui distingue claire-ment sa voie. Philosophiquement elle refuse de se laisser éblouir par les apparences, et veut avant tout dans le domaine de l’esprit la chose elle-même : — la chose en soi. Et le travail continuait dans mon atelier où se casait une foule de jolies choses qui me sont chères aujourd’hui. Des portraits de nos quatre enfants à tous les âges, sous forme de bustes, de mi-d’une vérité délicate et distinguée, un travail fugitif comme la pensée, peu de chose, mais dans ce peu de chose combien d’in-telligente sensibilité. Je fais parfois à ma femme des observa-tions très sévères, mais qui portent surtout 49 gnonnes statuette, en plaire, en céramique, des fragments de masques, de légers croquis de bébés aux gestes puérils, bien compris dans leur volume et dans leur simplicité ; jusqu’à des statues. Un grand moment la céramique sévit à