MADAME BESNARD LA FEMME ARTISTE. CE QU’EN PENSENT LE MONDE ET LES HOMMES lEs hommes ont été, de tout temps, très durs dans leurs jugements sur tes femmes, surtout pour celles qui, du droit de leur valeur morale, se sont créé une existence qui prouve surabondamment à ces protec-teurs élus qu’elles peuvent se passer d’eux. Devant cette indépendance ils se sentent gênés, inutiles comme des cibles sur lesquelles on ne tire pas, des espèces de monuments désaffectés, et, étonnés et froissés, ils se ven-gent par le dédain : arme terrible et d’autan: plus meurtrière qu’elle est à la portée du premier venu. D’ailleurs le monde, en gé-néral, n’est pas plus tendre pont-celles qui, réfugiées dans leur seule dignité, ne sollicitent ni ne repoussent son approbation. Les gens qui sont arrivés de plain-pied dans une vie toute faite, défendue par le prestige de la richesse ou de la naissance, ont une très haute idée des avan-tages qu’elle leur procure, telle-ment haute – qu’ils éprouvent comme une surprise froissée devant les étres rares qui, pour un idéal, sacrifient naturellement tout ce qui leur paraît, à eux les favoris, de l’indispensable: aisance, richesse, honneur. Mais si l’homme a déjà quelque peine à sauve-garder son indépendance, par une lutte achar-née, la femme n’a qu’une manière de se faire pardonner la sienne, c’est de s’affirmer dévote ou coquette, ou intrigante, à moins que le 4t Portrait de