JULES CHÉRET Portrait de ..1.1», a. le frisson, parce qu’elle est l’image de nos désirs secrets, et parce qu’elle élève art ciel des nives, dans le tourbillon étincelant de ses feux de Bengale, toute notre mélancolie passionnée. Si le bonheur était le paradis et si la vie était l’enfer, la région entre terre et ciel où Chéret a situé ses créatures serait un purgatoire délicieux. Il semble que tous les êtres qu’il lance fastueusement dans ce vertige d’azur, d’or et de roses soient nos propres images, alors que, tristes, affairés, cheminant sur la terre, nous en sommes les ombres lourdes, i■ l’opacité de nos spectres futurs » selon l’expression du poète. Chéret n’a pas seulement adopté le symbolisme clair et facile des personnages de la farce italienne, Pasquin, Pierrot, Arlequin ou Colombine, si seyants de couleurs et de lignes et si prôpres à l’effet décoratif. Il a su, en grand peintre moderniste, faire de belles choses avec la robe de bal, l’habit noir, le plastron et le chapeau claque, et en 5 méme temps il a ainsi, avec une audace singulière, relié notre réalité à nos réves. Il en a eu le pouvoir au point de nous faire accepter totalement son illusionnisme et de nous ôter tout étonnement en pré-sence de clubmen et de soupeuses flottant dans des nuages de féerie. Toute cette foule gravite dans l’espace enchanté selon un rythme de musiques invisibles qui tantôt l’approche de la terre et tantôt la fait re-monter vers un brasier de clarté suprême, suave, vaporeuse et impénétrable et tou-jours une mystérieuse loi d’attraction main-tient cette foule bariolée dans une zone où nous pouvons encore l’apercevoir, mais où nous ne pouvons plus la toucher. Toute sensation de pesanteur est abolie : ces groupes s’abaissent, puis brusquement tournoient et remontent art zénith avec les bonds doux et immenses d’une aéronef. On dirait que le peuple de Watteau, de Fragonard et de Portrait de 1l^ F.