L’ART DÉCORATIF d’autres ombres blanches de poètes, comme dans un mystérieux Élysée. Et que disais-je que ce n’était pas un faune ? C’en est bien un, au contraire. Car l’artiste, par une charmante et clairvoyante inspiration, a dégagé ce fin poète rustique Le tombeau de Baudelaire, oeuvre de M. José de Chant-1.°y, évoque aussi une na-ture particulière de poète, forte et tour-mentée. Le corps est étendu, serré de ban-delettes, et par derrière s’adosse le génie des Ficiirs du Mal, d’une expression poignante et angoissée. j Sans doute, les confec-tionneurs de monuments publics, qui bornent leur désir à arquer la jambe de leur statue et à disposer les plis de la redingote, vont se trouver un peu désorientés par ces tentatives nouvelles. Mais assez, longtemps nous avons perdu le sens de la sculpture monumentale, parce que ses conditions architecturales nous ont échappé. Ce ne sera pas la moindre gloire d’un ar-tiste comme M. Albert Ba rtholomé, dans son Mo-nument aux Morts, de nous y avoir ramenés. Il nous aura appris qu’il y a un modelé spécial qui convient à la sculpture d’un monument, à la sculpture appelée à être vue en plein air, à être envisagée d’en-semble dans sa masse. Il nous aura fait comprendre la valeur des plans simples et forts, gardant tout le sen-timent de la vie en déga-geant la signification quasi-hiérat igue d’un geste ou d’une attitude. Il nous mira appris aussi qu’il y a, pouvons-nous dire, une statique de la sculp-ture monumentale, c’est-à-dire des règles particulières d’équilibre et de répartition des masses, se rapprochant de celles qui gouvernent une construction d’archi• tette pure. Par delà les siècles, avec l’expression puissante d’une époque différente, ce mur du Père-Lachaise va retrouver les monuments d’Égypte, de Perse ou de Grèce. Nul ensei-gnement ne pouvait être plus profitable a notre époque ; nom sommes assurés que quelques-uns en comprendront la leçon. Jase av cndaeox Tombe le de Baudelaire d’une gaine, tout comme les sylvains des vieux parcs; il a suspendu au socle les pi-peaux où il modula l’Heure enchantée et Au Bois joli; la tête prend l’expression farouche et malicieuse des chèvre-pieds, et le piédestal , par degrés raboteux, où le gazon et le lierre pourront monter, se rat-tache au sol. 3 9 2