L’ART DÉCORATIF PIERRE SELIIERSIIEDI Antichambre cheresse et de l’amplification, de la sur-charge ornementale qui étouffe la constitu-tion essentielle du meuble sous les éléments de parure. Mais que ceux qui sont naturellement attirés vers des formes plus purement logi-ques, plus dégagées de toute hantise de la nature, se tranquillisent : pour etre dépouil-lées de figurations du monde physique, plus ou moins interprétées, leurs oeuvres n’en bénéficieront pas moins du caractère d’art. Il n’y a pas art lorsque l’objet réalisé nous présente une image personnelle inspi-rée par les spectacles de la nature, — et dans ce cas seulement, comme disent les mathématiciens. Ce n’est pas parce qu’une armoire sera sculptée qu’elle sera artis-tique, et ce n’est point parce qu’elle est dépourvue d’ornement qu’une actuaire de cuisine per-dra ce caractère. Il est nécessaire d’affirmer que la valeur d’art tient non point au genre de l’inspira-tion, mais à l’oeuvre même réa-lisée par le labeur humain dans une matière précise, qui la con-traint à certaines lois et même à des aspects déterminés. Une oeuvre d’ingénieur, qui est une expres-sion exacte de nécessités de cons-truction, est un ouvrage artis-tique. Cette pauvre Tour Eiffel, dont on a tant médit, avec plus de précipitation et d’esprit de parti que de juste réflexion, n’échappe pas elle-méme à ce ca-ractère d’art, qui résulte de la solution élégante d’un problème. Entre elle et la Grande- Roue de Paris, par exemple, il y a la différence qui existe entre la légi-time application de principes scientifiques et un inutile effort d’acrobatie, analogue à l’ineptie du Manoir renversé t, de l’Ex-position. Chercher à aménager un in-térieur scrupuleusement approprié dans toutes ses parties à nos dé-sirs et nos besoins, et cela sans système décoratif préconçu, ce sera faire assurément une œuvre bonne. C’est ce que s’est proposé M. Pierre Schnersheim, à qui l’on avait confié une installation d’ensemble compre-nant tout un appartement, — aubaine sou-haitée par tous les artistes du mobilier. Avec ce champ d’action et la liberté de concevoir et de disposer toute chose selon leur tempérament personnel, ils sont assurés de pouvoir montrer toutes les ressources de leur ingéniosité, de faire une oeuvre cohé-sive et, sinon excellente dans toutes ses par-ties, du moins digne d’intérét. Nous. ne parlons naturellement que des artistes qui savent ce qu’ils ont à exprimer dans une oeuvre d’utilité, qui se sont pliés à l’étroite 380 FIND ART DOC