bÉCËMBRE 1902 claire et simple, sans symbolisme et sans pose, mais fortifiée de logique et de raison, tel se révéla le Sèvres moderne en t000, tel il se montre encore dans les oeuvres réali-sées depuis, avec, en plus, les progrès dus à l’habitude déjà prise d’un art plus souple et plus varié que celui d’autrefois, et aussi aux collaborations nouvellement acquises. L’importante contribution de la Manu-facture Nationale au Salon du Mobilier nous fournit une occasion de passer en revue quelques-unes des dernières créations de Sèvres. On retrouvera, sous les reproduc-tions réunies en ces pages, les noms déjà connus de M. Lasserre, de Mur, Bogureau et Rault, de M. Brécy. Ce dernier a exécuté avec une maitrise admirable, entre autres, belles pièces, la lampe, de forme si ration-nelle, et le vase de Grigny, oeuvres de l’ex-cellent directeur artistique de Sèvres, M. A. Sandier. On lui doit aussi l’exécution du superbe vase d’Achères, par lt,44 Bogureau, et un flacon très original, dont la forme lui a été inspirée par l’épi du maïs. Le vase de Courcelles, de M. Lasserre, est d’une forme juste assez impo-sante pour faire valoir le tact avec lequel une déco-ration ingénieuse et charmante y a été adaptée. Le vase de Créteil, par Mi’» Rault (exécution de M. Trager), et le vase de Bussy, par M4 Bogu-reau (exécution de M. Devicq’, sont aussi deux numéros intéres-sants à ajouter à la collection des meilleurs Sèvres modernes. Deux encriers, l’un de M. De-chery, l’autre de M. Ligué , sé-duisent par leur disposition ration-nelle. Il semble THÉODORE RIVIERE Sapho ,b souk) 365 PIF.RRON Espièglerie (Imeit) cependant que certains détails, notamment dans celui de M. Dechery, appellent trop l’idée du métal, peu de mise lorsqu’il s’agit d’une matière aussi délicate que la porcelaine. Parmi les pièces usuelles, on rendra justice au service à café de M. Kann, dont le principal mérite est d’être à la fois origi-nal et simple. Les formes sont pratiques et bien étudiées, sans détails superflus. Il y a là des éléments de beauté saine et naturelle. Avouons néanmoins notre peu de sympathie personnelle pour une adaptation aussi di-recte de la nature à l’objet usuel. Il nous satisfait peu de boire notre café dans une tasse qui ressemble à une pomme de pin, même si, par un artifice habile, l’artiste ar-rive à établir un rythme harmonieux entre les lignes de l’objet pratique et celles de l’élé-ment décoratif. Souvenons-nous que M. Mir-beau, voulant un jour médire de nos efforts, utilisa, en l’exagérant à dessein, une erreur du genre de celle où semble être tombé M. Kann : «une chaise, c’est un arbre; un fauteuil, c’est une pintade»,- etc. Gardons-nous d’exciter la verve insuffisamment ren-