DÉCEMBRE 1902 tin d’un dîner. Je ne m’arréterai pas au pre-mier, acquis par la Ville de Paris et où la préoccupation des types domine peut-être encore l’idée générale, mais je veux dire quelques mots du second qui condense toutes les meilleures qualités de l’artiste. La science matérielle et le goût y sont poussés au plus haut point dans la nature morte de impressionniste, dévoyée aujourd’hui. Mais ce qui domine cette belle virtuosité, c’est le senti-ment qui plane sur ces figures muettes devant la joie de cette table fleurie, c’est la mélancolie involontaire qui met de la gravité aux figures des hommes et des jeunes femmes dans cet instant précis où les candélabres apportés font passer le regret d’une journée encore la table, dans l’exécution des figures, dans l’opposition subtile de la lumière des bou-gies qu’on vient d’apporter et du jour qui tombe derrière la grande verrière de la salle à manger : il v avait là, dans ce mélange de deux éclairages si différents, une difficulté prodigieuse et qu’on ne soupçonne pas, tant elle fut heureusement vaincue, par un pin-ceau, je le note en passant, qui sut sage-ment profiter des recherches, raffinées jus-qu’au point qu’on connaît, de la pure école Maienzir• qui vient de mourir. C’est mieux ,,ertes que de la philosophie réaliste qui est contenu dans cette haute composition, c’est de la poésie exquise et forte, et je me demande si le disciple de Velasquez et de Franz Hals n’en a pas puisé la gréez près des grands Italiens qu’il a connus tout récemment chez eux, Titien et Véronèse. Et pourtant, quoi que j’aie dit du mé-rite de ce• tableau d’hier, quoiqu’il reste certain que le progrès est indiscutable de 359 FIND ART DOC