NOVEMBRE 1902. et la Renaissance, la vaisselle d’étain « d’ar-genterie bourgeoise.» Nous trouvons, en effet, au XVI,’ siècle, à l’époque où l’étain artistique atteint son apogée, des chefs-d’oeuvre d’une conception si vaste, d’une exécution si par-faite qu’on se demande avec étonnement comment l’artiste n’a pas cherché à per-pétuer, à immortaliser une oeuvre d’une telle envergure dans une matière plus durable et moins fragile. Malgré le dédain que témoignait la no-blesse française pour l’étain, il est fort pro-bable que, par suite des lois somptuaires de Louis XIV, l’étain à aussi forcé la porte de la salle à manger dans plus d’une famille noble. Mais il ne nous a pas été donné de voir des pièces en étain de cette époque. Les « annonces, affiches et avis divers » du 17 décembre I76o vantent les mérites du sieur Renard, potier d’étain à Troyes, dont la vaisselle à contours est aussi belle, dit-on, que celle d’argent. Cela laisse supposer que pendant le XVIII° siècle la vaisselle en étain est restée fidèle aux traditions et a conservé une forme et une allure artistique. Il y eut ensuite une éclipse dans la pro-duction des étains artistiques. Au moins ne connaissons-nous pas d’oeuvre originale ayant un caractère d’art à cette époque. Mais par suite de ce besoin dont nous parlions plus haut et qui s’est manifesté dans nos temps modernes d’entourer notre vie d’objets d’une beauté toujours nouvelle et d’un caractère toujours original, l’étain a ressuscité vers la lin du XIX» siècle. De grands artistes comme Desbois, Brateau , Bailler se sont aussitôt mis au premier rang: leurs coups d’essai furent des coups de maître. Mais nous ne parlerons guère ici de ces initiateurs. Les œuvres créées par NIAIsON CliERON (aGALL1An) eux sont des objets d’art uniques, portant le nom de leur créateur et ne différant de toute neutre que par le choix de la matière. Nous ne voulons consacrer ces lignes qu’aux étains faits par des artistes, mais dont l’oeuvre ano-nyme est tombée dans le domaine public et peut être reproduite à l’infini. Nous ne nous occuperons que des étains qui, tout en ayant un caractère d’art indéniable, sont par leur pris modique accessibles à presque tomes les bourses. Ils continuent ainsi les traditions de leurs devanciers du Moyen âge et de la Renaissance. C’est certainement au grand nombre d’exeniplaires répandus à profusion partout que nous devons les quel-ques pièces qui sont parvenues jusqu’à nous. Et il en sera peut-être de même un jour pacte nos étains modernes. Dans des milliers d’an-nées, quand notre civili-sation aura été depuis longtemps balayée, quand des cataclysmes auront bouleversé notre planète et auront fait disparaître bien des chefs-d’oeuvre uniques, peut-être un de ces étains usuels se trou-vera-t-il enfoui quelque 339 FIND ART DOC