L’ART DÉCORATIF corps de la jeune femme, faisant d’elle comme une des colonnes du temple qui 1 empri-sonne. A côté de la Hollande austère, il a noté le pays riant et propre, avec cette amu-sante brochette des quatre petites filles aux yeux de faïence et aux cheveux couleur de paille. L’on saisit maintenant sur le vif le procédé de l’artiste que nous avions signalé précédemment. Il n’a voulu peindre qu’une pays il rejoint le type primitif et dévoile une civilisation. Toutefois sa vision vo-luptueuse de Grenade nous avertit que l’ar-tiste a conservé sa particulière fantaisie, plus saine cependant, plus extériorisée que dans ses premières oeuvres. Mais ce que M. Lévy-Dhurmer a compris, et nous l’écrivons avec joie, c’est que les gestes des anciens âges se retrouvent dans les habitudes journalières, se perpétuent avec les actes quotidiens et les métiers. De Irait jceer Ii. femme et de jeunes enfants ; mais il a su si habilement subordonner tous les détails à sa conception que ce sont deux aspects du pays qu’il nous donne : d’une part, sa foi obstinée ; de l’autre, sa propreté méticuleuse qui égaie toutes choses et transperce les corps jusqu’à l’âme. Ici, le symbole a disparu. Seules les manifestations de la vie touchent le peintre et il aborde celle-ci avec une telle pénétration que parti d’un individu et d’un 334 ses incursions en Turquie, en Espagne, au Maroc, je ne con-nais pas un seul modèle pris par lui en dehors de la classe populaire. Il a rencontré au bord d’une route ce Mendiant Espagnol, brûlé de soleil et plus ridé qu’un mur. Il s’est assis à côté de ses Trois Aveugles qui se cherchent les uns les autres et se cognent en gémissant. Sa Fileuse Arabe soulève au bout de son fil menu des siècles de servitude. Enfin, cette recherche du caractère que nous avons notée dans les oeuvres de pure ima-gination et suivie au travers des productions nouvelles va s’exaspérer encore. Il existe peu de toiles de M. Lévv-Dhurmer clans lesquelles le peintre, séduit par la clarté d’un ciel, la langueur d’un lac, le mol frémissement d’un feuil-lage, n’ait songé à mêler une figure à l’émotion pathétique des choses. Il ne veut pas gar-der pour lui seul les visions dont la splendeur de la terre le berce ; il sent comme le besoin de s’épancher, de verser dans une âme choisiela surprise émue de ses confidences. Dans la beauté des matins qui l’ont rendu allègre, parmi la douceur des nuits qui l’ont induit en mé-lancolie, l’artiste a toujours placé un frêle visage qui l’écoute, lui sourit et le console. Ce perpétuel besoin -de tendresse, de corn-11111111.011 est peut-être un renseignement sur la psychologie d’un homme qui se cogne aux murs de sa solitude et se rebelle contre son isolement ; en tous les cas le peintre FIND ART DOC