L’ART DÉCORATIF de silence et dont les regards poursuivaient durant de long jours. Il s’était assimilé la phrase de la Bruyère : « un visage est un paysage s, et traitait les lignes arrêtées d’un front, le fin contour d’une joue, la souplesse ardente d’une chevelure avec la divination d’un psychologue qui met une pensée au bout du maître florentin ; les écrivains le consi-dèrent comme une sorte de dilettante, doué d’une pénétrante intelligence et d’une rare culture; le public démêle dans sa production le caprice heureux de quelque magicien. Les uns et les autres étaient pins éblouis encore que charmés. Subjugués par le rêve, ils ne devinaient pas le sens des réalités qui le fai-saient naitre. Ils ne savaient pas que l’auteur de cette œuvre qui les ravissait était un céramiste, qui, entre deux fournaises, songeait pour eux, le pastel arts doigts. Ils ne pouvaient pressentir le laborieux obstiné que devait étre ce magicien dont ils saluaient les visions prestigieuses. Femme à la Bible !Hollande) de chaque coup de pinceau. Le Vinci lui avait enseigné le charme des sourires équi-voques et le délice des regards inquiétants. Le peintre ne cachait pas le culte qu’il pro-fessait pour son dieu, il l’évoquait même avec une délicieuse sanguine intitulée «Sou-venir de Léonard». Dès lors, certains critiques, loin de re-connaître le prix de cet aveu, ne voient dans le nouveau venu qu’un des disciples attardés Les années passées au golfe Juan, dans l’entreprise de M. Clément Massier, furent profitables à M. Lévy-Dhurmer. Les surprises du feu lui avaient enseigné la patience; ayant subi les mé-faits du hasard, il s’appli-qua, plus tard, à les corriger. Aus.si, lorsque se combinent en un même tempérament des dons innés et le souci d’une perpétuelle recherche, ne peut-il y avoir que progrès incessants tant dans la façon de voir que dans celle de peindre. De bonne heure, M. Lévy-Dhurmer posséda son métier jusque dans ses moindres détails, et ce n’est pas un banal mérite de le constater à une époque où les hommes ont plus à coeur de prendre une place que de la mériter. Le peintre s’était formé dans la méditation, la vision d’un pays oit l’atmosphère imprègne d’art les na-tures les plus frustes, et l’admiration des ma lues. Évidemment il l’ait songer, dans sa première manière sursaut, aux, dis-ciples de l’école florentine, mais dans ses toiles il les rappelle par l’harmonie élégante de sa composition; dans ses dessins, par 328