NOVEMBRE 1902 qui n’est ni effrayant ni consolant. C’est un demi-jour impersonnel, ne prêtant à aucun etfroi, à aucun espoir, qui baigne discrè-tement le portique d’hypogée où pénètrent, dans le monument aux Morts, l’homme et la femme enlacés. On a vraiment la sen-sation du Rien, et elle est plus saisissante que les ténèbres. Par la volonté de l’artiste, tous ces drames individuels expirent subi-vie, mais qui l’accomplit, et le moment où la vie cesse est aussi le moment de son maximum. Dans le geste le plus vivant il y a la mort, puisque ce geste va être fait, et détruit du fait même qu’il aura été réalisé. Ainsi la mort est parallèle à l’existence, l’ac-compagne, et ne s’en différencie pas. Ainsi nous la lisons dans les personnages de M. Bartholomé et nous n’avons pas besoin, tement devant une pierre nue qui laisse à l’esprit toute latitude dans ses hypothèses sur l’au-delà. Même dans une méditation sur la mort nous ne sortons pas de la vie, et la mort ainsi conçue est non pas ce qui suit l’existence, mais pour ainsi dire l’existence elle-même. Nous mourons en effet tous les jours, et la vie construit la mort. La der-nière minute n’est pas celle qui finit une L’Enfant mort en arrivant avec eux au terme, de voir autre chose que le mur qu’ils voient eu x-mémes. Il ne se passe rien derrière ce mur, tout s’est passé auparavant, il n’y a rien à voir, sinon une idée abstraite, et cette idée varie avec chacun des êtres qui s’avancent au-devant d’elle. Ces nus et ce mur où ne s’inscrit même pas une maxime, c’est tout ce qu’il faut à