L’ART DÉCORATIF oeuvres, par les groupements et les rapproche-ments qu’elles opèrent. On sait les améliorations obtenues une partie de la Grande Galerie et les salles de peinture remaniées, la série des Rubens mise en valeur dans sa signification décorative, les salles du mobilier créées, clos acquisitions nouvelles dans les collections égyptiennes, phéniciennes, les dons importants de la baronne de Rothschild, les intéressants moulages des fouilles de Delphes et quelques dessins ajoutés dans les salles d’ex-position. Mais il y a encore beaucoup à faire, disons-le, pour donner à notre grand musée national la tenue de la plupart de ceux de l’étranger; et à l’entrée de la saison d’études il n’est pas inutile de récapituler les principales modifications à ap-porter encore. A quoi faut-il arriver, en effet ? A gagner de la place, car les réserves du Louvre foi-sonnent d’admirables dessins que l’on ne peut étaler au public. Or, rien ne peut mieux faire pénétrer les amateurs attentifs clans la compré-hension intime d’un artiste. Félicitons-nous de ce que l’on a depuis peu introduit dans les salles des albums de dessins de Lagneau, de Callot, de Tiepolo et de quelques autres, que l’on aurait bien envie de feuilleter. Mais ce n’est pas encore assez. M. I.eygues, étant ministre, avait étudié la question du déménagement du Ministère des co-lonies et du Musée de marine, et il semblait que l’on fût près d’obtenir une heureuse solution. Il ne faudrait pas y renoncer. La collection Thiers, qui renferme tant de co-pies insignifiantes ou mauvaises, tant de pièces sans valeur, mériterait fort d’être expurgée et de laisser à des morceaux plus importants une bonne part des locaux qu’elle occupe. Car c’est bien là la collection bourgeoise, — des à-peu-près d’oea. vres d’art, — dans toute son horreur. Avec avantage on reléguerait dans les greniers ou dans quelque musée de province bon nombre des toiles appendues sur le kilomètre de la Grande Galerie — productions secondaires OU même mauvaises de l’école hollandaise ou de l’école bolonaise. Le Salon Carré lui-même, que l’on a déjà éclairci, gagnerait à être privé de quelques Caravage ou de quelques Guido Reni que l’on semble présenter comme des perles de nos trésors. Ce travail d’épuration achevé, on pourrait dis-tancer davantage les oeuvres, leur donner de l’air, tirer des cartons des merveilles qui y dorment ; et l’on songerait en même temps à perfectionner l’éclairage des salles déjà installées: notamment, des petites salles où les Rembrandt reçoivent une lumière trop crue sur un fond de tenture mal approprié: on y parviendrait, comme dans les ateliers, en voilant le bas des fenêtres. 1,71, COMPLÉTER la décoration du Panthéon, M. Édouard Detaille vient de recevoir la commande d’une grande composition des-tinée à l’abside de cet édifice. Le sujet choisi est Les journées de Juillet 183o, Il se trouvera au-dessous de la mosaïque d’llébert représentant le Christ. Le peintre avait esquissé d’abord plusieurs ébauches, afin de juger de celle qui conviendrait le mieux. L’une représentait le Chant du Dé-parte; les soldats, paysans, etc. marchent en bataille en plein champ; au-dessus d’eux planent les envoyés du dieu de l’Immortalité, leur por-tant clos palmes et des couronnes d’or. Une autre avait pris pour sujet les rues Saint-Jacques et de la Montagne-Sainte-Geneviève encombrées par des barricades, et sur l’une d’elles le poly-technicien Vaneau. Dalou, avant de mourir, avait complètement achevé le modèle de l’immense groupe des Ora-teurs de la Révolution, qui doit occuper le fond de l’une des deux chapelles latérales. Antonin Mercie e termine à peu près la ma-quette des Généraux de la Révolution, groupe qui fera pendant à celui de Dalou, dans l’autre chapelle latérale. Après les dernières peintures de Puvis de Cha-vannes et d’Hébert, dont nous avons mentionne la mise en place, la décoration du monument ne sera pas loin d’être terminée. TOUTES LES PRÉCIEUSES caisses renfermant les pièces de la collection Dutuit sont arrivées sans encombre de Rouen à Paris. Déjà le plan des futures salles de la collection Dutuit est tracé la partie du Petit Palais qui a été choisie est celle qui forme, sur le Cours-la-Reine, les deux galeries sud, entre le grand hall en façade sur l’avenue Alexandre III et la porte de la façade postérieure que surmonte l’horloge aux Trois Parques de Lemaire. C’est là que M. Charles Girault va former les divisions des salles réservées par catégories aux antiques, aux manuscrits, aux ivoires, aux émaux, médailles, etc. Tout, dit-on, sera prêt à la date fixée par le tes-tateur. Ajoutons que la collection se recommandera aux amateurs, non point tant par le nombre des numéros qu’elle comportera, mais par la qualité des pièces qui la composent. 3o6 FIND ART DOC