L’ART DÉCORATIF constamment élevé, le besoin d’ostentation ayant plutôt grandi, on cherche le bon marché et l’on se contente d’une qualité médiocre, pourvu que la marchandise revête une apparence de luxe — qui ne peut etre dans ces conditions que la plus fausse et la plus détestable. De là, la concurrence désastreuse faite par les grands magasins à la fabrique, et contre laquelle celle-ci veut réagir. Cela n’est pas facile, les situa-tions s’étant établies de telle façon que la seconde subit la dépendance des premiers. Enfin, le faubourg Saint-Antoine doit compter depuis quelques années avec la con-currence des succursales éta-blies par des maisons étran-gères à Paris; bien que cette concurrence ne représente pas encore un chiffre très impor-tant dans le total, elle grandit et pourra devenir redoutable à son tour. Voilà, résumées fidèle-ment, les explications qui m’ont été données en bon lieu. Elles ne justifient que trop les soucis de l’industrie du fau-bourg. On espère que le Salon apportera quelques soulage-ments aux maux dont on se plaint. Souhaitons-le. Mais cc Salon, et d’autres qui le sui-vraient, seront-ils le remède ? On peut en douter. Pour obtenir un résultat d’ensemble, il faudrait prendre les causes du malaise une à une, et combattre chacune par G. ceètts des armes directes. Les grands magasins ont pour eux leur situation en plein cœur de Paris et la cen-tralisation d’une immense variété de mar-chandises, qui dispense l’acheteur de perdre des jours, des semaines en recherches à droite et à gauche. Les appels adressés au public par la fabrique, de son lointain fau-bourg, ne peuvent rien contre cela. Elle n’aura raison des magasins qu’en se servant de l’arme qui fait leur force. S’il existait dans le centre de Paris une vaste halle d, l’ameublement, montée par les fabriques associées dans ce but, une telle halle offrirait au public un choix incomparablement plus abondant que celui du plus grand magasin de nouveautés, dont les rayons d’ébénisterie, de tapis, de rideaux et de tentures ne for-ment qu’un des départements. Le public quitterait les magasins de nouveautés pour Buffet s’y rendre ; les raisons qui le poussent aujourd’hui vers ceux-ci se retourneraient contre eux. A l’omnium, il faut opposer le trust. Quant au fait économique des classes moyennes allant au bon marché, il ne sert à rien de le regretter. Quand on aura répété cent fois qu’il est malheureux que le public abandonne le bel article pour le médiocre, on n’aura pas avancé d’une semelle. Le fait est inéluctable ; il faut l’accepter, plus, le respecter, voir derrière lui la loi sociale qui 299