OCTOBRE 1902 pres, la colombe se désaltérant aux sources pures et le poisson réunissant les cinq lettres qui désignaient dans l’église grecque Jésus-Christ, Fils de Dieu, Sauveur. Là les colorations éclatantes et très soutenues don-nent sur l’autel des effets de lumière tels qu’on les aurait cherchés art XII, siècle, art moment où l’on comprenait le vitrail comme une mosaïque translucide. C’est dans le même sentiment que Marcel Magne a composé la grande rase de l’ouest, dont les rayons tombent directement sur le maitre-autel et sur laquelle il a représenté une ronde d’anges musiciens, célébrant la gloire du Christ. L’ceuvre est absolument moderne; mais par l’opposition des valeurs, par l’intensité des colorations des robes des anges dont les tonalités se répètent dans les lobes symé-triquement opposés, dessinant les figures en tons foncés sur un ciel clair, aux tons chauds du soleil couchant, l’artiste a fait une œuvre originale, comparable aux oeuvres anciennes et ayant les mêmes qualités. Tel est, suivant moi, le but auquel devrait tendre une décoration faite à notre époque : on ne pourrait la réaliser si l’on demeurait enfermé dans les formules et dans les formes des siècles passés. Toute la décoration de l’église de Bou-gival procède des mènes principes. L’autel principal, pour lequel mon ami, l’éminent statuaire R. de Saint-Marceaux, fut mon collaborateur, a été composé pour occuper le vide de l’arc triomphal à l’entrée du chœur. Aussi ai-je développé le motif central de la ‘, crucifixion f en l’incorporant au re-table, et le statuaire, groupant harmonieuse-u de l’autel =97 N‘,E..) Porte du tabernacle ment autour du Christ la Vierge et saint Jean, a su relier, par deux anges prosternés et abimés dans la douleur, les lignes verti-cales du groupe principal avec les lignes horizontales du retable. La table d’autel qui y est adossée repose sur six colonnes de marbre veiné d’un ton doux. Tout l’autel est en marbre blanc de Carrare et le décor polychrome est dû à l’in-crustation de mosaïques de verre interprétant les lys et les chardons dans le retable, les glycines dans le tombeau. L’interprétation -sur les chapiteaux en marbre des lys, des roses ou des chrysanthèmes donne le contraste d’un décor de relief avec la polychromie des mosaïques. La porte du tabernacle, dont le décor est formé de roses entartrant le calice, a été exécutée sur mes dessins, en ciselure au re-poussé, par l’orfèvre Noiseux. Tout devant concourir à rappeler la Vierge patronne de l’église, c’est avec des branches de lys que j’ai composé les pentures des portes dont le serrurier Robert a fait un chef-d’oeuvre d’exécution. Ainsi toute la décoration de l’édifice participant d’une même pensée pourra, une fois terminée, suggérer, je l’es-père, l’idée de ce qui pourrait être Mit lorsque dans des monuments anciens il y a lieu de créer une décoration s’harmonisant avec l’oeuvre passée. L. MAGNE. FIND ART DOC