L’ART DÉCORATIF de portraits et d’études du plus pénétrant réalisme , figures féminines surprises en leurs moments d’abandon , joignant à la saveur, à la blonde douceur de la chair une finesse pensive, une acuité qui sont bien de notre époque. Le « Travailleur Bans la Rue des champs,,, placide et têtu, retroussant sa manche, exposé au dernier Salon, prouve que, sous l’influence de Constantin Meunier, dont il reconnaissait Phumanité ‘puissante, de Camille Lefèvre, dont il suivait les origi-nales recherches, Dalou s’acheminait vers une compréhension nouvelle de la vie. Mais ses grandes compositions demeurent tradi-tionnelles. Elles répètent les formules du XVII’ siècle et du XVIIIv. Ce sont les mêmes agencements majestueux et parfois théâtraux, les mêmes attributs, les mêmes exhibitions de muscles, les munies raccourcis surprenants, les mêmes envolcmclus de dra-perie et la même emphase d’apothéose. Dans le monument de Delacroix, si I, ,isagc du peintre, brûlant de génie cl d, lieut•v, té-m’oigne d’une rare divination Itsy,dlique, Ics ligures qui l’accompagnent, malgré I’vnirti 1- nante hardiesse de leur mouvement un spi-rale, procèdent d’un symbolisme en sontinu assez suranné. Le è Triomphe de Silène tt, débordant de joie païenne, fleure néanmoins l’exercice de rhétorique. Ainsi des oeuvres à visées humanitaires: Dalou jetait dans le moule de l’allégorie classique les pitiés, les espoirs, les fiertés que lui inspirait le peuple, mais, sous ce travestissement, le peuple ne pouvait les reconnaître, en deviner la sin-cérité et la généreuse chaleur. Le « Triomphe de la République», création d’une pensée fervente, semble surtout un admirable mor-ceau littéraire, un superbe développement oratoire; un critique a dit spirituellement : quelque chose comme un discours de Gam-betta, mais mieux écrit et dont la forme mériterait d’être conservée. Le monument entrepris par Dalou pour la glorification du tribun, confié aux soins de Camille Lefèvre, ce sera, tout naturellement, s quelque chose comme un discours de Gambetta,. Il s’élè-vera sur une des places de Marseille ; il mesurera 6rv,5o en hauteur. Il aura, certes, une autre allure que l’incohérente pièce montée qui déshonore le Louvre, sa per-spective de noblesse et de faste. L’avocat patriote apparaîtra au sommet, piété for-tement, croisant les bras, secouant la cri-nière, défiant toits les ennemis. On retrouvera bien là son air de lion et l’accent de son héroïque faconde. A la base du socle, entas-sement de trophées: sabres, cuirasses, fusils et drapeaux. A droite et à gauche, les iné-luctables allégories: s 1870 s, 1877 La maquette de cette dernière a été complètement achevée par Dalou. Elle représente la Sagesse relevant la République. Le groupe évi-demment ne manque ni de robustesse ni de grandeur. Mais la Sagesse porte le casque de Minerve et son égide. De l’autre groupe: ,87o s, symbolisant la Résistance, il t-re • 288 FIND ART DOC