L’ART DECOR A TIF logique se trouvait admirablement complétée par Preuvre de Camille Lefèvre. La Vierge de grès blanc souriait avec grâce au poupon. De chaque côté de l’autel, un ange, tenant une banderole, érigeait sa fine silhouette, levait vers le ciel le miroir de sa face can-dide. A droite et à gauche du tabernacle, on voyait la nativité, l’apprentissage dans sérieuse, suivait le geste du débutant. Œuvres gracieuses et doucement émouvantes ! On n’y rencontrait point d’attributs, point d’au-réoles; mais on les sentait divines à force d’être humaines ; car elles représentaient l’humanité dans ce qu’elle a de plus pur, l’amour maternel, le sentiment de la famille! Elles faisaient songer aux créations des pre-miers maîtres de la Renais-sance italienne, aux bas-reliefs sculptés par Ghiberti sur les portes du baptistère de Flo-rence; elles rappelaient aussi les vers délicieusement ingénus du pauvre Gabriel Vicaire, l’a-dorable naïveté du Miracle de Saint-Nicolas ». La décoration de l’autel comprenait en outre des motifs d’ornement. Sur la porte du tabernacle, des• épis se mode-laient, clair et profond sym-bole. Sur le soubassement, un bas-relief, au large cintre, divisé en triptyque, contenait la co-lombe sacrée et des lys droits, stylisés juste à point, mêlant un charme de nature à un accent réellement décoratif. Cette alliance, à vrai dire, est fort rare. Je l’ai vue réalisée, de façon absolument exquise, dans les lustres électriques de J. Dampt, les encriers, les lampes, les buires, les bijoux d’un jeune maitre de l’étain, Louis Boucher. Elle se ren-contre dans les compositions de Camille Lefèvre, dans ses Aune mère l’atelier de Joseph. Les charmantes choses ! avec quel art naïf et fort elles étaient évoquées. Étendue sur son lit de planches, la mère, encore douloureuse, enlevait le voile qui recouvrait son fils, tandis que Joseph, de son. côté, écartait les langes du berceau rustique. Et le maitre du monde apparaissait alors, rond, tiède, douillet, dormant à poings fermés, comme un brave petit bambin. Puis, contre l’établi, Jésus s’exerçait à manier le ciseau. Marie rêvait. Le charpentier, vieux déjà, le crâne dénudé, la figure lasse et nombreux croquis que l’on ne connaît pas et qui prouvent le dessinateur le plus attentif; le plus sagace, le plus sensible aux agen-cements et aux rythmes naturels. La genèse de ces croquis est curieuse. L’artiste, au bord du chemin, a cassé la branchette, cueilli le fruit ou la fleur, il les a copiés tout de suite, et, tout de suite, sous son crayon, ils ont pris, comme d’eux-mêmes, leur caractère ornemental. L’inflexion d’une ligne, l’épu-rement d’une silhouette, la suppression d’un détail, le rappel d’une cadence ou d’une masse ont opéré cette merveille. La courge, le pissenlit, le pavot, l’oeillet, la ciguë, les a86 FIND ART DOC