L’ART DÉCORATIF nissant des motifs inédits. L’accent reste très simple, quasi rustique; le point rehausse tantôt l’étoffe d’entre-lacs légers, de feuillages, de fleurettes. et tantôt l’ajoure. La composition de-meure à combinaisons peu compliquées; l’intérêt réside moins dans le motif lui-même que dans l’effet d’ensemble, dont on peut tirer de charmants partis. C’est un art à saveur populaire, comnt, celui de ces broderies suédoises, nor-végiennes, finlandaises, si captivantes cependant, dont notre Exposition de nous a montré de délicieux exemples. L’2Emilia Ars a exposé en outre d’intéressantes recherches de reliures. Pour la reliure, comme pour la céra-mique, l’Italie a un passé fameux, et l’on pourrait dire parfois qu’elle ne s’en souvient que trop, puisqu’on voit les reliures modernes s’inspirer le plus souvent des types classiques. A Rome comme à Flo-rence ou à Venise, nous admirons encore les couvertures de parchemin blanc, enca-drées d’une bordure au fer et timbrées du lys rouge, du lion de saint Marc ou de quelque autre emblème. L’ornementation de la reliure était donc surtout demandée, chez les praticiens d’Italie, à la dorure; et c’est encore par ce moyen que sont décorés les plats des livres pré-sentés par l’/E,nilia Ars, au lieu de recourir comme chez nous au ciselé, au repoussé ou L’ART DE LA CÉRAMIQUE L’ART DE LA CÉRAMIQUE z8o Jardinière à la mosaïque: il y a là un système décoratif à intérêt spécial, qui mérite d’être remis en usage et qui habille les livres de vêtements sobrement rehaussés. Le bijou a tenté aussi l’/Emilia Ars, et les quelques pièces que nous avons pu voir se rattachent encore à un art simple, usant surtout de l’or découpé et ajouré, sertissant des pierres ou des perles, et agrémentés de devises ou de motifs sur émail. Comme pour la broderie, il semble que certaines tech-niques provinciales aient été reprises. Voilà ce que l’on fait; il y aurait à dire encore tout ce que l’on ne fait pas, toutes les richesses de métier qu’on laisse s’en-dormir ou se corrompre. Et pourtant bien des traditions nationales sont encore restées en dehors des atteintes du renouveau. A ces industries paresseuses, il est bon de le dire nettement: leur gloire n’est pas de ‘s’arrêter pour jamais aux modèles déjà existants, ce sera d’enrichir sans cesse les formes de leurs productions. J’ai dit un mot de la verrerie vénitienne pour regretter sa tor-peur; que de choses exquises ne pourrait-elle pas créer encore dans cette matière franche et fragile? Les dentelles de Venise subissent aussi le même esclavage aux formes du passé ; et je songe encore, par exemple, à ces mosaïques de marbre qui sont une des richesses de l’industrie florentine, et que l’on pourrait utiliser avec plus d’art. Le passé bien compris ne nous enchaîne pas : il nous exhorte à la vie et au travail. GUSTAVE SOULIER.