particulièrement celles d’Étretat qu’il a vues tour à tour en hiver et en été. Des barques à sec sur la plage, des hameaux tapis dans une anfractuo-sité de falaise, et les vastes et mélancoliques étendues de sable à marée basse lui ont fourni autant de motifs charmants où se délecte sa fantaisie, et où se manifeste son art de fixer avec netteté et avec précision toutes les visions qui enchantent son oeil. Après avoir fait, d’après les poissons de l’Océan et de la Méditerranée, des aquarelles dont quelques-unes sont au Luxembourg, M. Auburtin s’est de nouveau senti attiré par le règne animal. C’est ainsi qu’il a exécuté tout dernièrement, d’après les aigles et les perroquets du Jardin des Plantes, de grandes aquarelles qui sont des mieux venues, et dont certaines sont reproduites ici. Il y manifeste plus que jamais sa fantaisie déco-rative, et il a réalisé quelques essais de dé-coration restreinte qui mériteraient d’être accueillis avec enthousiasme par les ama-teurs, s’il y en avait beaucoup qui fussent doués du sens de l’art et aptes à juger par eux-mêmes. Cer-taines de ces études d’oiseaux sur un fond d’arbres et de feuilles donneraient au décor de l’éven-tail, qui trop sou-vent se traîne dans la copie des styles anciens et dans de l’illustration de der-nier ordre, une beauté nouvelle. Des dessus de glace et de porte, des para-vents fourniraient à l’artiste (et il a déjà f ait OCTOBRE 1902 quel – qu es essais 271 Étude d’algues en ce sens) tout un champ nouveau où exercer ses facultés décoratives, champ moins vaste que la peinture murale, mais où ses qualités de grâce et de délicatesse trouveraient à se déployer victorieusement. En ce sens le corps de la femme lui a donné de précieux motifs dans une série de tableaux que M. Auburtin a consacrée aux variantes infinies d’un seul sujet, et qu’il a intitulée Danses Nues. C’est encore dans le domaine de l’art antique que le peintre du XX. siècle évolue à sa manière. Rappelez-vous en effet les peintures murales de Pompéi ou les mosaïques du nausée de Naples, auxquelles il revient par la synthèse de l’idée, par le sentiment de la ligne souple et ondffleuse du corps féminin, par sa ma-nière de saisir l’essentiel d’un mouvement, de résumer la grâce d’un geste, ces qualités se complétant toujours par les harmonies rares d’un décor sans cesse renouvelé, lui aussi, soit que les danseuses de Francis Auburtin évolue parmi la fauve efflorescence des genêts sur les dunes de la Somme, soit qu’elles errent parmi les pins ou entre les hautes roches qui prêtent à ces jeux païens leur ombre mystérieuse. Avec son désir de fixer avec la plus im-peccable justesse ce qu’il y a d’essentiel dans les mouvements de la femme qui danse, M. Auburtin témoigne encore de cette cu-riosité de pénétrer toutes choses, que je signalais plus haut. Retenons surtout ici les dessins dans lesquels M. Auburtin étudie toutes les nuances de son sujet, dessins tout frémissants de vie, qui ne cherchent pas la subtilité ni le fini, mais qui dans leur sûreté Je lignes et leur tenue expriment si bien ce