L’ART DÉCORATIF des terrains, il se garde bien de les traduire d’une manière littérale, et sots œil, si expert qu’il soit aux détails, ne s’y attarde jamais à l’excès et ne voit que les ensembles. La prestesse de sa main, l’enthousiasme où le plonge la splendeur des spectacles de la nature l’empêchent d’ailleurs de sombrer contre cet écueil. Car M. Auburtin travaille avec une abondance et une facilité extraor-dinaires. Fortifié par les connaissances dont je viens de parler, sort art devient vraiment un art d’impression, un art tout imprégné de modernisme et qui vient à sots heure après l’éclosion de l’impressionnisme, après Monet et après Sisley A qui voudrait se rendre compte de la fécondité de ce peintre, je conseillerai une visite à cet atelier si hospitalier de Saint-Cloud, où amis et inconnus sont toujours accueillis avec tant de grâce. Rien de plus délicieux en une grise journée d’hiver lorsque devant la porte la Seine roule ses eaux lentes, Ara bleu et rouge de savoir, d’aller jusqu’au fond des choses. Ainsi lorsqu’il peint l’Aquarim, il étudie pendant de longs mois toutes les espèces, toutes les variétés de poissons, de crustacés, de minéraux et de madrépores qui habitent le fond des mers ; il séjourne dans les hameaux de pêcheurs les plus ignorés de l’Océan ou de la Méditerranée, et note toujours avec un pinceau alerte et infatigable jusqu’à ce qu’il soit arrivé à une connais-sance approfondie de la nature et de la vie. Sans s’en rendre compte M. Auburtin s’est approche autant qu’il convient de la doctrine de Ruskin ; mais ce qui a nui, au point de vue artistique, au grand esthéticien anglais a constitué au peintre français une ressource nouvelle, parce que ce dernier, fort de sa documentation, sait toujours la subordonner à l’émotion directe qu’il reçoit des choses. S’il connaît tous les secrets de la décompo-sition de la lumière dans tel de ses paysages préférés, s’il sait les secrets de la structure 268