OCTOBRE 1902 gereux que de tomber dans la manière et dans le procédé, ne s’en tient pas à une formule d’art, A côté du fresquiste qui sait distribuer d’une main si sûre les masses d’ombres et de lumières il y a chez Auburtin un aquarelliste très personnel et auquel nous devons une moisson de belles choses. Celles-ci ne sauraient évidemment renier l’auteur de ta Calanque ‘et de la Pêche au Langui dont elles conservent la valeur décorative, mais on y trouvera aussi des qualités très différentes et d’autres influences y apparaîtront. Dans la peinture murale M. Auburtin, on le sait, dérive surtout de Puvis de Chavannes, niais il a étudié aussi avec un grand amour les peintures des giottesques, les œuvres de Ghirlandajo, de Filippino Lippi et de tous les florentins de Santa-Maria Novella et de Santa-Croce et toutes les mer-veilles de l’Italie jusqu’aux décorations de Pompéi. Dans ses aquarelles il a suivi d’autres maîtres : les japonais. Durant ses longs séjours dans le Midi de la France, et surtout à Marseille, M. Auburtin avait subi de bonne heure le prestige des arts de l’Ex-tréme-Orient, et commença à collectionner avec passion les œuvres rares qui lui tom-baient sorts la main : Kakémo-nos , netsukés, et surtout ces merveilleuses cé-,amiques, ces porcelaines aux émaux éclatants comme des gemmes, ces grès aux savoureuses cou-lées. Il aima l’art des Korin, des Hiroshigé, des Hokousaï et de torts ces maîtres subtils dont la compréhension synthé-tique de la nature cor-respondait si bien à sa vision personnelle ; et sans y perdre une par-celle de son originalité, il sut lui aussi acquérir certaines des qualités que nous admirons dans les aquarelles et les estampes japonaises. Comme ces Peintres M. Auburtin traite ses petites œuvres / Harpie à téte gns d’une manière toujours si décorative, comme eux il sait faire tenir sur quelques centimètres de papier tout l’infini de la mer, et ériger sur an ciel d’un bleu délicat, à peine teinté de quelques coups de pinceau, quelque arbre aux formes imprévues. La légèreté du dessin, la manière spirituelle avec laquelle il sou-ligne maint détail, et surtout la délicatesse et la discrétion avec laquelle sont distribuées les couleurs, voilà quelques-unes des qua-lités qui donnent aux aquarelles de M. Auburtin leur accent personnel. C’est à la nature plus encore qu’aux hommes, fussent-ils ses maîtres préférés, que M. Auburtin a demandé ses leçons ; peu d’artistes ont vécu en communion plus intime avec les sites qu’ils s’efforçaient de fixer, ont pénétré plus avant dans le secret de beauté que la nature ne révèle pas à l’ob-servateur superficiel. C’est là du reste rut côté du talent de M. Auburtin ou plutôt de sa psychologie générale qu’il nie parait inté-ressant de signaler. Il est pénétré d’un désir 267 FIND ART DOC