SEPTEMBRE 1902 Liment du goût et de la beauté. C’est sur les premières sensations que se fonde ce sentiment ; il peut se développer dans la suite, mais il est bien difficile de le réformer foncièrement. Par cette éducation de l’oeil ménagée dès l’éveil de l’intelligence, l’enfant peut acquérir une sûreté de discernement dans les choses de l’art et du goût que rien ne saura plus donner à un égal degré. Au contraire, si l’on ne se soucie pas de ce côté de l’éducation, si on laisse cet esprit mal-léable ballotté au milieu de formes indif-férentes, d’images banales, c’est sans retour que ce caractère demeurera étranger au sen-timent du beau et du laid. Pareille imper-fection a plus d’importance qu’on ne le pense dans toute la conduite de la vie. Le mobilier d’abord constitue un élément capital de cette éducation par les yeux ; de méme que l’enfant apprend sa langue par l’usage, en l’entendant parler, de même par l’habitude. par l’exemple continu il J. HASSALL (Liberty e’ Ce, éd.) acquerra le sens des formes logiques, des bonnes proportions, des lignes agréables, des couleurs harmonieuses. Plus les meubles qu’il verra groupés dans sa chambre répon-dront à leur besoin pratique, plus ces exemples seront excellents. Il convient donc particulièrement que les meubles d’une chambre d’enfant soient simples, peu faciles à endommager, solides et ne craignant pas les lavages. Les meubles d’une construction même un peu élémentaire, en bois comm.un, s’adapteraient assez bien chez les petits, ce qu’ils ne feraient pas dans le reste de l’ap-partement. Ce sont, en effet, des idées simples que l’enfant a besoin d’accueillir d’abord. Cet examen du mobilier propre à la nursery e, de sa matière, de sa construction, de son genre, serait digne de nous retenir. Mais je voudrais aujourd’hui attirer surtout l’attention sur la décoration proprement dite de la pièce, c’est-à-dire sur les images que l’on apposera au long des murs. Il est, en effet, bien difficile de ne pas concevoir cette chambre sans images — et, disons-le, sans images franches de couleur, fermes de dessin, simples dans leurs moyens d’expression sans être vulgaires. 257 L’ARCHE DE NOÈ (FRISE) La vulgarité, voilà le défaut principal à éviter, et l’on y tomberait très aisément lorsque l’on cherche à satisfaire des enfants. On les comble de hideux chromos, pensant que la plénitude de la couleur, la naïveté du sujet sont bien faites pour leur plaire ; non content de leur présenter ces grossières enluminures, on les leur vante, on tient à leur bien dire s comme c’est joli e. Il n’en faut pas davantage pour que l’enfant s’im-prègne inconsciemment de ces habitudes de vision, et qu’il en tire son criterium en matière de goût. Vous aurez beau faire ensuite, il en restera toujours quelque chose, ou tout au moins il y aura à revenir sur le travail déjà accompli, à effacer l’impression produite, ce qui se fait toujours malaisément. Il n’y a pas à dire, si les images que l’on place sous les yeux des enfants doivent leur rester accessibles, elles doivent être pourtant un moyen d’éducation, c’est-à-dire élever leur goût, l’entretenir dans des règles saines. C’est attribuer, semble-t-il, une bien grande profondeur de principes à des oeuvres fort modestes, mais on ne doit point mé-connaître leur rôle. Ott devra donc pros-crire l’imagerie grossière et choisir des FIND ART DOC