SEPTEMBRE 1902 nation qui déborde, par exemple, de ceux de M. Lalique ; ils retiennent par l’élégance du parti que l’auteur tire de la donnée qu’il choisit. A cette élégance se joint une qualité extérieure à l’art, et qui est plus que l’art dans tout ce qui touche à la parure, une qualité difficile à définir par un mot et que j’appellerai, faute de mieux, un sens pratique extrêmement affiné du bijou. Ainsi, dans un des deux colliers représentés ici, une bota-nique de fantaisie, presque contestable, donne un ensemble de masses qui s’allongent et se disposent à merveille sur les naissances d’épaules ; cela est léger comme le serait un réseau, quoique gardant le corps que de-mande un joyau. Ajoutez le charme de colo-rations particulièrement douces: vous avez un bijou dont l’attrait pour la femme ne sera dépassé par aucun autre, quoiqu’on puisse rencontrer assez facilement l’équivalent de l’idée si l’on ne se plaçait qu’au point de vue graphique. C’est l’art d’habiller la nudité de la chair par la pierre dans ses derniers raffi-nements. Métier si l’on veut, mais métier merveilleux s’il est guidé par un goût sans défaillances, et qui plaît plus, avec raison, qu’aucune volonté d’art, si celle-ci n’est illuminée par le génie. Je complète les illustrations de l’article par une courte description. Datas la broche, les deux grappes de fleurs sont en perles de rivière d’un mauve rosé très clair; la forme singulière de ces perles nouvellement introduites dans la bi-jouterie se prête admirablement à des figu-rations de ce genre. L’or vif des montures et des sertissures est apparent partout; il en est ainsi dans tons les bijoux représentés. La volute qui forme le châssis de la broche, et dont la forme est un peu relâchée — par une exception rare chez M. Fouquet — est toute en diamants. Toutes les lignes principales du premier collier sont en brillants. Les tiges qu’elles figurent très conventionnellement se terminent en calices, de chacun desquels sort une libellule en guise de fleur. Les ailes des libellules sont en émail translucide d’un vert d’eau très léger, piqué de quelques paillettes d’or, leurs corps en émeraudes et saphirs. Dans la grande libellule formant la pende-loque, le corps est tout en émeraude, les antennes en émail jaune rosé. Dans le second collier, les baies qui se détachent du tour de cou tout en brillants sont formées chacune d’un cabochon de saphir clair. Les quatre fleurs de fuchsia sont des opales choisies d’une laitance &Ji-1,1,1,111rs cicuse, taillées et gra, chaque pistil est un petit brillant. Les fermoirs des deux bourses sont tout en or ciselé. Les prédilections particulières de M. Fouquet le pôrtent parfois vers des conceptions qui prendraient leur point de départ — très lointain — plutôt dans le mode byzantin qu’ailleurs, et dans une sorte d’in-fusion du génie français dans ce mode. De là sans doute ses sympathies pour l’art de Mucha, qu’il a chargé de tout l’agencement et de la décoration de son nouveau salon de la rue Royale. G. M. Jacques. 255