L’ART DÉCORATIF o. FOUQUET ET DE.S110S.ES moins les auteurs de l’édifice ou de la machine. Est-ce sur la circonstance que des hommes, même d’un certain talent, sont attachés à sa maison plus ou moins étroitement? Mais qui nous assure que ces hommes livrés au seul hasard de leur inspiration eussent produit les œuvres dont nous constatons la supé-riorité ? L’incontestable remarque, faite plus haut, de l’excellence des bijoux des hauts professionnels et de l’insuffisance de ceux des producteurs d’occasion n’indique-t-elle pas plutôt que c’est à la présence d’un esprit directeur qu’est due cette supériorité, et ne revient-il pas à cette direction, par con-séquent, une part décisive des qualités de l’objet créé? Il serait probablement impos-sible aux intéressés eux-mêmes de déter-miner la part de chacun dans la création. Le dessinateur artiste subit l’influence de l’industriel pour lequel il travaille, influence bienfaisante ou malfaisante selon ce qu’est le second. Voilà les faits. Quant aux intérêts qui s’y lient, si respectables qu’ils soient, est-il bien sûr qu’ils aient l’importance qu’on leur prête? Que l’on conserve les pratiques actuelles, qu’on les remplace par d’autres, y aura-t-il grand’chose de changé? La loi natu-relie suivra toujours son cours : le fort conti-nuera de s’élever, le faible de végéter. Il n’y aura, comme avant, qu’une manière de faire retenir son nom par le public, de lui donner une signification et une valeur marchande : c’est d’être un homme d’élite. Les élus de la nature sauront toujours devenir les élus de la fortune, quels que soient les lois et les usages. Entre ce qui précède et M. Georges Fouquet, dont quelques-uns des derniers bijoux illustrent cet article, le rapport n’est pas très étroit. A part quelques exécutions de parures sur des dessins de Mucha, M. Fouquet compose ses bijoux en colla-boration avec M. Desrosiers, et n’en fait pas mystère. Il est sorti de cette association toute une série de productions dont la note se reconnait de suite. Cette note est moins l’ampleur des idées qu’un tact extrême dans leur conduite et dans le choix des moyens de réalisation. Les bijoux de M. Fouquet ne frappent pas par la puissance d’imagi-‘-54 G. FOUQUET I, OT,E,T, I