L’ART DÉCORATIF pierres précieuses. Il relève par de discrets ma-quillages la fadeur d’une matière mimoch rame. Inspirée de la statuaire chryséléphantine et des terres cuites tanagréennes, cette con-ception de la sculpture en couleurs peut pro-duire d’heureux effets. Elle introduit dans nos demeures un nouvel élément décoratif qui s’harmonise avec les coulées des grès, les reflets sensitifs des verreries, les ors des meubles de laque, les ramages des tentures et des rideaux. Elle amuse l’oeil de sa variété et de sa richesse. Elle a séduit, indépen-damment de Théodore Rivière, quelques-uns de nos meilleurs sculpteurs. Nous con-naissons tous les statuettes peintes de M. Gérôme, danseuses , jongleuses, mimes expertes et délurées, en qui revit l’art des anciens coroplastes. Nous connaissons encore les figurines de M. Vallgren où le bronze doit à la morsure des acides les colorations les plus imprévues et les plus somptueuses. Nous nous rappelons ces petits groupes de M. Dampt, Raymondin et Mélusine », acier et ivoire, a la Paix du foyer », ivoire et bois, aussi gracieux que è la Jeunesse » du même maitre exposée cette année, témoignant d’une égale discrétion et d’une égale simplicité. La simplicité, la discrétion voilà des qualités indispensables à qui use de la poly-chromie. Tous les sculpteurs tentés par le genre ne les possèdent malheureusement pas. La plupart accouplent sans discernement les pierres et les métaux, opèrent les unions les plus scabreuses, atteignent ainsi le comble de la prétention et du grotesque. Leurs fétiches » rappellent ces idoles dont parle Hippolyte Taine : a Il y a dans les églises de Naples et d’Espagne des statues coloriées et habillées, des saints vêtus d’un froc véri-table, la peau lat.:Mare et terreuse, comme il convient à des ascètes, les mains sanglantes et le flanc percé, comme il convient à des stigmatisés ; à côté d’eux des madones en habillements ro-yaux, en toilettes de féte, veules de soie lustrée, parées de dia-dèmes, de colliers précieux, de frais rubans, de dentelles magnifiques, la chair rosée, les yeux brillants, les prunelles formées d’une escarbouche. Par cet excès de l’imitation, l’artiste arrive à produire, non pas le plaisir, mais la répugnance, souvent le dégoût et quelquefois l’horreur.» Quoi qu’il en soit, les œuvres des Théodore Ri-vière, des Dampt, des Gérôme — je ne parle pas de la ,Joueuse de boules » du dernier Salon qui, à cette échelle de nature, apparaissait d’un réalisme équi-voque et bas — les œuvres des• Vallgren et des Voulot ont êtabli les lois de la polychromie, ont fixé les convenances et la mesure de son emploi. L’auteur de l’oeuvre peut seul posséder le sens du trop et du trop peu, le subtil discer-nement si nécessaires en la circonstance. Sans doute, un artiste peut solliciter, afin de 25o parfaire son œuvre, la collabo-ration d’un autre artiste, comme FIND ART DOC