L’ART DÉCORATIF la volonté d’affirmer ce sentiment, de pro- la composition ordinaire de ces monuments tester contre la production ambiante et de historiques, et donnant un grouillement de replacer l’Italie parmi les nations préoccupées de l’évolution artistique, qui a donné nais-sance à l’Exposition de Turin. La Société de PsEmilia Ars s’est attaquée à tous les grands et menus travaux qui con-courent à l’organisation de la demeure. Un grand nombre des ouvrages exposés — et ce sont ceux-là que nous examinerons d’abord — comportent une conception architecturale ; et il est intéressant de les mettre en regard des formes introduites en Italie par l’école autrichienne. Une petite fontaine de marbre, de M. Giuseppe Romagnoli, de forme extérieure très simple, quoique de contours doucement assouplis, reste dans la donnée générale d’une borne plantée sur le chemin. Un masque jeune et songeur se découvre à demi dans la profondeur du bloc, et un mince filet s’é-chappe de ses lèvres. C’est la Source alpestre que M. Romagnoli a voulu évoquer datas sa fontaine. La conception reste donc imagée et sentimentale, elle reste bien italiènne. dans son fond comtale dans son exécution élégante ; mais l’artiste ne veut pas exprimer plus que ne le peut son art. Il met bien une idée dans son oeuvre, mais l’expression en reste discrète et tangible, dépourvue de tout symbole grossier, de tout rébus trop matériellement transcrit. Ce front pur et ombrageux de jeune nymphe des sommets, ces lèvres farouches, ces humbles fleurs qui s’élèvent à la base, sur la blancheur neigeuse du marbre, ce sont là les seuls interprètes que le sculpteur aie voulus. Ils ne trahissent pas la discrétion de son sentiment, le charme de sa pensée d’artiste. Il n’y a point là de formule, de stylisation, mais la traduction franche et directe d’un sentiment, par l’ob-servation tirée de la vie. Ce sentiment de la vie, avec cette incli-naison délicate de pensée, la sculpture mo-numentale de l’Italie la retrouve, à la suite de quelques artistes très personnels. Dans les jardins même de l’Exposition, en face de la porte d’entrée, le sculpteur Calandra a planté un fougueux monument de bronze, en l’honneur du prince Amédée de Savoie. Le cheval est nerveux, maîtrisé par le ca- 1:EMILIA ans valier dans la bataille ; et voici que des quatre coins du piédestal se précisent de formes bien vivantes, un peu trop mou-vigoureux groupes en haut relief, modifiant vementées peut-être, pour participer au rôle BAHUT zqo FIND ART DOC