SEPTEMBRE 1902 Pceuvre d’art, dans l’invention décorative. Dans le amine du Palais Vieux de Florence, où les fûts de colonnes se brodent de rin-ceaux en entrelacs, la fontaine de Verrocchio a pris pour motif un enfant jouant avec un poisson qu’il étrangle de ses petits bras. Les bambini de Donatello, de Desiderio ou de Mino, comme ceux des della Robbia, malgré qu’ils ornent des tabernacles, ont de l’es-piéglerie dans leurs mouvements, des fos-settes sur leur figure rieuse. Les madones elles-nlemes sont de toutes jeunes mères, s’amusant avec leurs petits. L’observation familière et pittoresque retrouve toujours ses droits, avec l’intérêt des menus effets d’ex-pression, des chairs potelées, des mou-vements naïfs. La même curiosité éveillée s’observe dans l’abondance de Pornemen-talion, de l’accessoire floral. Les artistes italiens, comme le peuple près duquel ils travaillent, veulent s’entourer de belles images, du reflet de toutes les formes joyeuses qu’ils voient s’agiter dans la nature et dans la vie. Il y a toujours dans leur oeuvre un fond de naturalisme intense, qui se trahit par des coins d’observation exacte chez les plus idéalistes ou les plus méditatifs d’entre eux. Le fond du tempérament national n’a heureusement pas perdu tous ses droits aujourd’hui. au milieu d’influences déteignant les unes sur les autres, et l’on en trouve d’intéressants exemples à Turin même, où les architectures de M. d’Aronco, qui a construit tous les batiments officiels de l’Ex-position, et de M. Lotio, qui est l’auteur du Restaurant Moderne, ne se distinguent pas essentiellement du Pavillon autrichien de M. Baumann, qui est un Viennois authen-tique. La Société de Ars a été fondée à Bologne pour sauvegarder précisément les PAVILLON DE L’ADJIINISTRPTION traditions des vieux métiers italiens, et en particulier celles de la province de l’Émilie. C’est chez elle que nous trouvons, pour une grande part, à l’Exposition de Turin, les efforts capables de nous rassurer sur la renaissance des arts d’Italie, entretenus dans le sentiment national. On l’a compris, nous trouverons toujours dans le pays une conception imagée, c’est-à-dire ayant recours à un rappel abondant et direct de formes tirées de la nature, de la figure humaine comme du monde animal ou végétal. Il ne faut point demander à l’Italie une combinaison de lignes purement logiques et architecturales ; l’ornement vient de lui-même sous les doigts de l’artiste, et il révèle toujours un grand sentiment de 237